Les Red Devils laissent le MHSC aux portes du paradis...

Mardi 19 mars 1991 : quart de finale retour au stade de la Mosson face à un Manchester United chez qui les hommes de Henryk Kasperczak avaient obtenu le 1-1 quinze jours plus tôt. Le MHSC est aux portes du paradis face aux Red Devils.

La « crème anglaise » est sur l’œuf depuis la veille (3000 supporters dont seulement 1100 avec un billet pour le stade), Montpellier goute une nouvelle fois à la ferveur des tours de Coupe d’Europe. Ils seront presque 23 000 supporters pailladins à remplir la Mosson (un record d’affluence pour l’époque) le jour J. Les gardians sont à nouveau présents pour faire une haie d’honneur aux joueurs à leur arrivée en bus devant la tribune d’honneur du stade. Un jongleur coréen fait patienter les supporters lors de l’avant-match tout comme le groupe de rock installé en haut d’une tribune. Louis Nicollin et l’ancienne gloire pailladine, Roger Milla, viennent devant la Butte harranguer la foule micro en main. C’est l’histoire d’une soirée de rêve. Et finalement, celle d’un rêve brisé et d’une grande désillusion. Le MHSC est battu et éliminé par Manchester United 2-0 et n’ira pas en demi-finale. C’est dur. Blackmore et Bruce ont brisé le rêve en 4 minutes (45ème et 49ème sp). Manchester était-il plus fort ? Pas sûr …

Clayton Blackmore, ce nom tout à fait british hantera à tout jamais les nuits sans lune de tous les supporters pailladins. Blackmore a coulé Montpellier, il est le torpilleur de légende, lui qui avait sauvé la balle du 2-1 en fin de rencontre quinze jours plus tôt à Old Trafford au nez et à la moustache de Daniel Xuereb. A lui tout seul , l’infatigable milieu de terrain a torpillé la belle légende que le MHSC était patiemment en train d’écrire à l’encre dorée. D’une frappe sèche de 35 mètres, il aspergea de fluide glacial un stade de La Mosson chauffé à blanc et encore tout bleu de plaisir. Et Barrabé, dans un dérapage incontrôlé, commit alors l’irréparable et ne fit qu’effleurer un ballon qui lui tendait les bras, à moins que ce ne fut l’inverse… On était à la 45ème minute de jeu et ce but aussi bête que méchant résonne aux oreilles de la gloire comme le signal du désenchantement et de la désillusion sans préavis. D’autant qu’à peine de retour des vestiaires, Blackmore poussa Patrick Colleter à la faute dans sa propre surface de réparation et se trouva ainsi à l’origine du penalty qui précipita définitivement le Montpellier Hérault vers la sortie. En l’espace de 300 secondes de jeu, un rêve un peu fou venait de se transformer en un cauchemar ambulant. Cruel destin. L’expulsion de Thétis, les louables tribulations de 11 montpelliérains déboussolés, l’entrée en jeu de Xuereb puis de Garande, la fabuleuse épopée était en train de vivre ses derniers instants.

Dommage car l’incroyable parcours de l’équipe du président Louis Nicollin ne méritait pas un tel dénouement, ni de finir dans un aussi sinistre cul-de-sac. Mais pour avoir eu le cul entre deux chaises durant toute une mi-temps, pour avoir trop joué à cache-cache avec ses vertus naturelles, le MHSC s’était mis lui-même en porte-à-faux et dans une situation équivoque. Et les nerfs finirent par lâcher au moment où ils auraient dû être au contraire d’une solidité à toute épreuve. Le rêve est brisé alors que le coup était jouable pour le MHSC. Le Manchester United d’Alex Fergusson, quant à lui, commençait tout juste à écrire le début de plusieurs décennies de légende…