La milieu de terrain montpelliéraine (33 ans) a disputé contre Dijon son 100e match sous le maillot orange et bleu. A cette occasion, elle a ouvert son album souvenirs avec beaucoup d’humour et d’émotion.
Son ressenti d’avoir atteint les 100 matchs avec le MHSC ?
« C’est une grande fierté forcément. Je suis très contente d'être revenue ici l'année dernière. Ça m'avait déjà trotté dans la tête il y a 2 ans de revenir au club où j’avais passé 4 belles saisons entre 2010 et 2014, mais ça ne s’était pas concrétisé. C’est fait depuis l’été dernier, c’est un vrai bonheur et j’en suis très fière. Je vais continuer à être la personne que je suis et j'espère qu'on fera de belles choses cette année. Je tiens à remercier le Président, les salariés qui nous suivent et sont à nos côtés au quotidien, ainsi que les supporters. Nous allons tout donner ensemble, avec l’équipe et le staff, pour permettre au club d’atteindre ses objectifs et pourquoi pas de gagner des trophées. »
Son premier passage au MHSC (2010-2014)
« J’ai débraqué à Montpellier à l’été 2010. A l’époque, j’évoluais à Yzeure, en D1 mais dans un club amateur, à 2 heures de route de chez moi, ce qui me permettait de souvent rentrer voir ma famille. L’appel du MHSC, qui était un club semi-professionnel à l’époque, me permettait de me fixer de nouveaux objectifs et de nouvelles ambitions, donc j'ai tout de suite répondu oui pour venir. Mon premier match ? C’était contre le PSG et nous avions gagné 3-1. J’avais même marqué et ça ne m’est pas arrivé souvent » (rire / 6 fois tout de même en 100 matchs, NDLR).
Les années boutiques
« C’est quelque chose d’assez méconnu pour les jeunes aujourd’hui avec les contrats fédéraux mais, à l’époque, on ne vivait pas du foot ; ça n'existait pas. J'avais un contrat à 20h avec le club et, pour compléter, j'avais un contrat de 15h au MHSC Store Odysseum où je travaillais 3 demi-journées par semaine, ainsi que durant les périodes où ils avaient besoin de renforts. Je m'attendais vraiment bien avec le Responsable, Frédéric Bouquant, qui faisait tout pour que les 2 aspects (sportifs et professionnels), s’imbriquent du mieux possible. J’avais trouvé mon équilibre parce que j’avais une vie sociale sympa et que j’aimais le côté chaleureux de la boutique, les moments de partage avec les supporters, les échanges… J’ai toujours aimé cet aspect relationnel. Je me souviens que l’année du titre de Champion de France des garçons (2012), j’avais floqué énormément de maillots « Giroud ». C’était une très belle année… Tous ces matchs que les garçons avaient remportés dans les dernières secondes, le match du titre à Auxerre… Même pour nous les filles, c'était un moment exceptionnel de voir que quelque chose d’aussi magnifique arrivait au club. »
Son départ (été 2014)
« Les 6 derniers mois, je ne jouais plus. Je prenais ma valise lors du dernier entraînement, mais le plus souvent, je voyais le bus partir avec les filles pour un déplacement, et moi je restais à quai et j’allais bosser à la boutique. C’était vraiment dur. Je n'avais pas envie de partir mais je n'avais pas le choix. Si j’étais partie loin de ma famille, c’était pour jouer… mais comme je ne jouais pas, il fallait que je prenne une décision. Je me suis relancée à Soyaux avant de partir au Paris FC puis à Bordeaux et enfin de revenir ici la saison dernière. »
Son retour (été 2023)
« Je sentais que mon histoire avec le MHSC n’était pas terminée. Je ne suis pas née ici, mais je me sens Pailladine et j’adhère totalement aux valeurs du club. Je l’ai sentie dès que je suis arrivée ici, en 2010 et revenir a toujours été dans un coin de ma tête. J’en avais déjà discuté avec les dirigeants par le passé, ça ne s’était pas fait, puis ça s’est concrétisé l’année dernière et j’en suis très heureuse. J’ai de très bons amis ici et c'est plus facile de revenir dans un club où on a ses repères. Je connaissais aussi les salariés avec qui j’échangeais régulièrement lorsque j’étais à la boutique, Ce retour, c’est le choix du cœur mais c’est aussi celui de l’ambition. Ça fait un petit moment que le club ne s’est pas qualifié pour la Ligue des Champions et ce serait magnifique de pouvoir aider Montpellier à y retourner. C’est notre objectif. C'est vrai que je fais partie des plus anciennes maintenant, mais j'ai encore faim de ballon. J'ai envie de jouer tous les week-ends. Je sais qu'il ne me reste pas 50 saisons à jouer et j'ai toujours cette ambition de continuer à gagner et de faire quelque chose avec le club. Je sens que l’Esprit Paillade est toujours là et ça me fait vraiment du bien. Le MHSC est un club familial, avec des valeurs et je me sens très bien ici. Je me suis d’ailleurs installée dans la région et j'espère que ça sera pour une longue durée. »
La saison 2023-2024
« C’est bien d’avoir remporté ce 1er match de la saison contre Dijon. Ça nous permet de partir sur de bons rails. On espère toutes que le groupe va atteindre les objectifs du staff et du club cette saison. Plusieurs joueuses étrangères sont parties ; le club a recruté pas mal de nouveaux éléments, notamment sur le plan offensif et on espère que chacune va apporter sa pierre à l’édifice. L’avantage, c’est qu’elles connaissent toutes le championnat et la majorité parlent français ou sont en train de l’apprendre. Ça facilite leur intégration et ça montre leur motivation. La préparation nous a aussi permis d’incorporer de jeunes joueuses et c’est très positif. Le club est en train de mettre en place un Centre de Formation. Le MHSC a un vivier important et c’est bien de montrer aux jeunes qu’ils ont la possibilité de s’exprimer et pourquoi pas de faire leur place.La création des playoffs en fin de saison laisse aussi une opportunité supplémentaire de participer aux barrages de qualification pour la Ligue des Champions, qui est clairement notre objectif cette saison. Ayant été blessée durant une partie de la préparation j’ai pu l’observer avec un peu plus de recul et j’ai vraiment vu de bonnes choses ; maintenant il va falloir les répéter en match et sur la durée. On se doit de faire mieux que la saison dernière, notamment à domicile où nous avions perdu beaucoup de points lors du dernier exercice. Quand on vise le haut du tableau, on ne peut pas se permettre ça. A titre personnel, c’est dur de s’être blessée pendant la préparation et d’en avoir loupé une partie, mais il faut voir le côté positif. Je préfère que ça arrive maintenant, plutôt que d’être coupée dans mon élan en plein milieu de la saison. Je suis contente d’être revenue à temps pour disputer en partie ce 1er match et je suis extrêmement motivée pour cette saison. »
Son meilleur souvenir à Montpellier
« Je dirai l'année du titre des garçons, en 2012, parce que c’était de la folie à chaque match, surtout à La Mosson. C'était un truc de fou : des buts à la dernière minute comme celui d’Aït-Fana contre Lille… Même si ça ne concerne pas directement les filles, on a le même maillot, le même blason et ça marque forcément. Chez les filles, je retiens prioritairement nos épopées en Coupe de France, dont un succès mémorable à Juvisy, en demi-finale de l’édition 2010-2011, alors que nous étions menées » (succès 3-1 au final, NDLR))
Son plus mauvais souvenir
« Les 5-6 derniers mois de mon 1er passage, en 2014, où je ne jouais pas. C'était très dur. Après, c'est ce qui m'a forgé le caractère. Quand on a 20, 22, 23 ou 24 ans on est beaucoup plus jeune, certainement plus immatures aussi, et une expérience comme celle-ci te permet de prendre du recul, de réfléchir et je suis fière d’avoir rebondir et d’être revenue ici aujourd’hui. »
Son match le plus fou
« La victoire à Rodez la saison dernière (3-2) avec le but de Faustine Robert à la dernière seconde. C’était un succès très important dans la course au top 4, mais c'est dommage parce que, derrière, on n'ait pas su finir le travail… Mais c’était une très belle victoire. »
Le match qui lui a fait le plus mal
« La finale de Coupe de France à Bourges que nous avions perdue contre Lyon » (2-1, le 13 mai 2012). En plus, on avait aussi perdu en finale contre Saint-Etienne la saison précédente (photo)
Sa plus grande joie
« La victoire contre Juvisy en Coupe de France en 2011 (3-1). On avait fait une bringue magnifique pour fêter ça. C'était vraiment n'importe quoi ! »
La coéquipière qui l'a le plus fait rire
« Marie Torrent ! (rire). Au-delà de ça, et pour être plus sérieuse, quand on parle du MHSC féminin, Marion est un véritable emblème du club. Elle a été formée au MHSC, elle joue ici depuis presque 20 ans, elle a eu les opportunités pour partir mais elle ne l'a jamais fait…. Ça force le respect. »
Le moment où elle s’est sentie la plus fière
« L’été dernier, quand j'ai re-signé à Montpellier. J’étais venue avec Bordeaux pour jouer le dernier match de championnat la veille à Grammont et, le lendemain, je suis revenue au club pour passer ma visite médicale et signer. Je me suis vraiment sentie fière parce que je me suis dit que j’avais dû partir pour grandir mais que c’était vraiment une récompense magnifique d’avoir l’opportunité de revenir. »
Pourquoi a-t-elle troqué son n°6 pour le n°10 cet été ?
« Je suis pas du tout une joueuse qui a le profil pour porter le n°10 mais je me dis qu'il reste quelques années à vivre et on sait très bien que le 10, dans le foot. C'est un numéro spécial et j'avais envie de l'avoir. J'ai demandé à Esther (Mbakem-Niaro) qui l’avait et elle a gentiment accepté de me le donner. »
Son but préféré
« Celui que j’ai inscrit à Rodez cette année »
RENDEZ-VOUS à LA 200ème ?
« On va d’abord viser la 150ème… ou plutôt la 134ème, ça sonne mieux ! (rire)
