Lena Petermann, des mots sur les maux

Blessée durant une grande partie de la saison, l’attaquante allemande revient sur cet épisode douloureux et évoque le déplacement à Fleury ce samedi (13h30, 20^ème journée de D1 Arkema), avec beaucoup d’envie et de motivation

S’il ne se joue pas sur les planches mais sur le rectangle vert, le football a une certaine dimension théâtrale ; une forme de dramaturgie qui vous fait passer en quelques secondes d’une frustration liée à un match nul ou à une défaite au sentiment de jouissance lié à une victoire, comme ce fut le cas pour les Montpelliéraines il y a 3 semaines grâce au coup franc victorieux de Faustine Robert à la dernière seconde sur la pelouse de Rodez.

Pour Lena Petermann, l’ascenseur émotionnel a plutôt été dans le sens inverse. Alors qu’elle abordait cette saison 2022-2023 avec plein d’espoirs, tout s’est brutalement arrêté à la 12^ème minute de la première journée, lorsque, lors de la réception de Dijon à Grammont, sa cheville s’est plantée dans la pelouse avant de tourner : « J’ai senti directement que ça n’allait pas et qu’il y avait quelque chose de plus grave, se souvient-elle. J’ai essayé de courir en bord de touche, de me tester, mais ce n’était pas possible, j’avais trop mal. C’est à ce moment-là que j’ai su que ça allait durer longtemps ».

La « première grosse blessure de sa carrière » comme la qualifie l’attaquante allemande a en effet nécessité beaucoup de patience puisqu’elle a dû attendre 6 mois jour pour jour et le déplacement sur la pelouse du Paris FC le 10 mars dernier, pour refouler les pelouses de D1 Arkema. Entretemps, la convalescence fut longue est semée d’embuches : « J’ai pris la décision de rentrer chez moi », explique Lena, qui s’est faite opérer à Hambourg, à quelques kilomètres du domicile familial. « J’ai certainement vécu la période la plus difficile de ma carrière. Au début c’était vraiment compliqué mais c’était réconfortant d’avoir ma famille auprès de moi. » De retour à Grammont en décembre dernier, elle a ensuite suivi un entraînement spécifique avec le préparateur physique, Allex Humbertclaude, avant de fêter son retour à la compétition au Stade Charléty. Une demi-année sans jouer au cours de laquelle l’ancienne joueuse de Potsdam n’a jamais perdu la foi et encore moins l’envie de rejouer : « Je n’ai jamais eu envie de tout envoyer balader. C’était dur mais je n’en suis pas à ce point-là. Je savais qu’il fallait que je travaille pour cette saison ou la prochaine », assure-t-elle. « C’était long mais ça fait partie du foot…. Et je ne voulais qu’une seule chose : jouer ».

Ce fut donc chose faîte contre le Paris FC puis le PSG… et comme pour rajouter à cette fameuse dimension théâtrale du foot, c’est contre Soyaux, sur la pelouse du Stade Lebon d’Angoulême où elle a sans doute livré la meilleure prestation de sa carrière montpelliéraine le 26 septembre 2020 (succès 4-1 du MHSC, 2 buts et une passe décisive pour Lena), que l’attaquante allemande a débloqué son compteur but cette saison, le 1^er avril dernier : « Je me suis bien sentie face aux deux clubs parisiens, explique-t-elle. Contre le PSG j’ai joué tout le match et je me suis même sentie en très bonne forme. C’était un plaisir de retrouver la pelouse, les filles, les vestiaires… Quant au but, je vois Nérilia sur le côté qui va très vite. Elle me donne un ballon parfait donc j’ai mis le pied en opposition et j’ai marqué. C’était un soulagement, j’étais très heureuse. Ce sont ces moments-là que tu attends lorsque tu es attaquante ; on travaille pour cet objectif ».

Absente contre Rodez lors de la dernière sortie des Pailladines il y a 3 semaines (victoire 3-2) en raison d’une gêne à un mollet, Lena espère retrouver le groupe ce samedi (13h30) lors du déplacement à Fleury. Mais avant d’évoquer ce rendez-vous important face aux Franciliennes, comment a-t-elle vécue la saison de son équipe avec, malgré elle, son œil de spectatrice avertie : « Dès que je le pouvais, je regardais les matchs à la télé, sinon je suivais toujours nos résultats sur internet. J’étais toujours derrière l’équipe, même si j’étais très loin géographiquement », explique Lena. « En tant que spectatrice, j’ai trouvé que l’équipe avait manqué de constance. On a très bien joué contre Lyon, on ramène le point du nul de notre déplacement au PSG mais on perd contre Guingamp. On a un manque de régularité, on n’est pas concentrée de la prmière à la dernière minute, or, pour être bien placé à la fin, c’est quelque chose de très important ». 
Quand on lui demande si son absence a pesé sur le rendement de son équipe, Lena estime « qu’on ne peut pas le savoir ; mais à nous trois avec Léa (Khélifi) et Johanna (Elsig, qui ont également longuement été blessées cette saison, NDLR), il est certain que nous aurions pu aider l’équipe si nous avions été plus présentes. Le groupe est vraiment de qualité et nous aurions pu être mieux classées si nous avions eu tous nos atouts ».

En attendant de faire un bilan plus complet en fin de saison, le MHSC aborde un déplacement très important à Fleury ce samedi qui pourrait permettre aux Montpelliéraines de revenir à un point de la 3^ème place occupée par leur adversaire du jour en cas de succès : « Nous savons que ce sera un match compliqué face à un adversaire qui réalise une très belle saison, encore plus sur leur pelouse synthétique que je n’apprécie pas forcément, sourit Lena. Il nous faudra être disciplinées et efficaces pour ramener un bon résultat, mais je crois en notre équipe ». Sur un plan plus personnel, la n°22 montpelliéraine espère simplement « jouer, apporter un maximum à l’équipe et prendre du plaisir » après une saison qu’elle qualifie elle-même « d’horrible » et de « très frustrante » « Tu ne peux pas être heureuse quand tu es blessée et que tu ne joues pas », synthétise-t-elle.

Après la pluie vient le bon temps dit l’adage et Lena Petermann préfère désormais penser au soleil qui l’attend avec son retour sur les terrains, sans oublier les retrouvailles avec son ancienne coéquipières et amie, Valérie Gauvin, qui sera dans le camp d’en face samedi : « Ça va être un plaisir de la retrouver. J’ai beaucoup aimé jouer avec Valérie et nous avions une bonne relation, sur le terrain comme en dehors », souligne Lena avant d’adresser un message à son Président, Laurent Nicollin, et aux supporters pailladins : « Vous ne m’avez pas beaucoup vue, ça me manquait de ne pas pouvoir être sur le terrain et donc de ne pas pouvoir vous faire plaisir à travers de bonnes performances. Je vous remercie de ne pas m’avoir oubliée et de m’avoir toujours soutenue ». Reste à évoquer à nouveau cette fameuse dimension théâtrale du foot. Un retour 6 mois jours pour jour après sa blessure, un but contre Soyaux qui lui réussit toujours très bien… Tout semble réuni pour que Lena marque ce week-end étant donné que Fleury est sa 2^èmeproie favorite en D1 Arkema (3 buts marqués contre cette équipe, à égalité avec Issy et Reims, et juste derrière Dijon, 4). « Je ne suis pas très superstitieuse », conclut l’attaquante allemande avant d’ajouter dans un large sourire « mais si ça pouvait marcher ! » Qui sait ?