Lancée en fin de saison dernière, la milieu de terrain de 18 ans est devenue un élément-clé du onze de départ montpelliérain qu’elle fréquente de plus en plus. Rencontre avec une jeune fille qui a déjà tout d’une grande
17 avril 2021. Les Féminines du MHSC se déplacent à Issy-les-Moulineaux, quelques jours après le douloureux départ de Frédéric Mendy. Numéro 35 dans le dos, la jeune Cyrielle Blanc est lancée à la 88ème minute de jeu par le duo composé de Jean-Louis Saez et Baptiste Merle. Du haut de son mètre 76, la native d’Aurillac montre en un peu moins de 10 minutes à peine qu’elle n’est pas là par hasard. Un gros duel gagné d’entrée pour marquer son territoire, une récupération de balle intéressante, une relance courte bien sentie, une autre plus longue bien précise… On avait rarement vu une entrée aussi convaincante pour une jeune formée au club depuis pas mal d’années. « Je n’ai pas senti une pression particulière, se remémore-t-elle. Je me suis dit que je n’avais rien à perdre et que, comme j’avais la chance d’être là, je devais en profiter pour montrer mon jeu. J’ai joué comme je sais le faire et ça s’est bien passé. »
A tel point que les dirigeants montpelliérains lui ont offert son premier contrat professionnel cet été. Une étape très importante pour cette joueuse débordante d’énergie sur et hors du terrain, qui est tombée dans la marmite du football quand elle était petite : « Mon père a évolué jusqu’au haut niveau amateur, explique celle qui a choisi le n°15 en référence à sa région natale du Cantal. Il avait été contacté par des centres de formation mais, à l’époque, c’était moins usuel qu’aujourd’hui et mes grands-parents n’avaient pas souhaité qu’il en intègre un. C’est en allant le voir jouer que j’ai découvert le foot. Ensuite, il a entraîné mon frère et, un jour, alors qu’il manquait un joueur, j’ai eu la possibilité de jouer. C’est là que tout a commencé. » Cette fois, ses parents n’ont pas hésité et, après 4 ans et demi au club d’Aurillac, Cyrielle a intégré l’Insep, à Paris ; la première année en jouant à Aurillac, le week-end, puis les 2 suivantes en rejoignant le MHSC où cette milieu droit à la forte activité et à la bonne vision du jeu, a été placée à un poste plus axial. « J’avais été contactée par d’autres clubs mais ce qui m’a fait venir à Montpellier, c’est clairement l’ambiance du MHSC. Je me suis très rapidement intégrée ici, que ce soit en U19 ou en D1. Montpellier correspond à ma mentalité. Je viens d’Aurillac, un club très familial où tout le monde se connaît. Ici c’est pareil et ce n’est pas forcément le cas dans d’autres clubs. »
Si les 2 années passées avec les U19 montpelliéraines de Kader Ferhaoui ont été tronquées par la crise sanitaire et les arrêts du championnat qui s’y sont rattachés, elles ont permis de confirmer tout le potentiel qui a poussé le MHSC à faire signer professionnelle cette joueuse travailleuse, hargneuse, très mobile malgré son grand gabarit, qui sait à la fois récupérer des ballons et bien orienter le jeu... Bref, Cyrielle a tout du milieu axial moderne : « J’aime bien jouer dans un milieu à 2, soit en n°6, soit en n°8, même si j’évolue à ce poste depuis peu de temps, explique cette admiratrice de Lionel Messi, N’golo Kanté et Amandine Henry au moment de décrire son jeu. J’aime bien aller vers l’avant et créer des décalages quand je me projette. »
Un profil de métronome régulateur qui a rapidement séduit Yannick Chandioux puisque le technicien montpelliérain l’a déjà titularisée à 3 reprises en 7 matchs cette saison. « En D1, le niveau est plus homogène que ce que j’avais connu jusqu’ici, explique-t-elle. Tout est plus élevé : le rythme de jeu, l’intensité des courses, des contacts... Tu as moins de temps pour réagir. » Sa bonne intégration sur le terrain comme en dehors – « Tout s’est fait au fur et à mesure, je me sens très bien dans le groupe. » - connaît aussi un prolongement en sélection puisque Cyrielle fait partie des 3 joueuses qui se partagent le brassard en équipe de France U19, aux côtés notamment de sa coéquipière au MHSC, Maëlys Mpome : « J’espère que nous pourrons disputer la phase finale de cette compétition, murmure Cyrielle. Mais avant d’y penser, nous devons d’abord franchir le 2ème tour qualificatif » (dates et lieu à déterminer)
Un objectif qui s’ajoute évidemment à ceux de Cyrielle avec son club du MHSC, à commencer par la réception du GPSO 92 Issy, cette après-midi à Grammont : « Sur le papier, Issy est une équipe à notre portée, mais ça reste un match à prendre très au sérieux parce qu’en D1 tous les matchs sont difficiles. J’espère que nous l’emporterons pour nous mettre en confiance. Après, même si c’est toujours bien de porter un regard sur notre adversaire, il faut avant tout se concentrer sur notre jeu », explique cette étudiante en Staps, avant d’évoquer ses objectifs pour la suite de la saison : « J’espère gagner encore plus de temps de jeu et, collectivement, terminer le plus haut possible au classement. Je rajouterai aussi celui de disputer l’Euro U19 avec l’équipe de France (du 27 juin au 9 juillet 2022 en République tchèque). Une chose est sûre, si elle reconnait qu’elle « ne s’attendait pas à jouer autant », ne comptez pas sur Cyrielle Blanc pour s’enflammer après son bon début de saison : « C’est vrai que j’en suis très contente mais il me reste encore pas mal de choses à apprendre et à améliorer, conclut-elle humblement. Je suis loin d’avoir tout fait encore (sourire). Le plus dur reste à venir et il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. » Le plus dur et le plus beau peut-être aussi, tant la n°15 montpelliéraine semble promise à un bel avenir.
