Arrivé cet été au MHSC, l’ancien technicien de Dijon et Brest, est précédé d’une réputation d’apôtre du beau jeu. Une volonté assumée qui pourrait le faire passer pour un doux rêveur, mais son discours montre tout le contraire : celui d’un homme avec des idées fortes, certes, mais avec les pieds bien sur terre.
La séance se termine sous le soleil de Grammont. Après avoir donné de la voix sur le terrain, Olivier Dall’Oglio nous reçoit dans son bureau. Lorsqu’on lui demande de se présenter et d’étirer le fil de sa carrière et ses convictions d’entraîneur, le discours du technicien de 57 ans est calme, posé et structuré, mais sans pour autant en devenir professoral et monocorde. L’homme est ouvert et le rapprochement avec une célèbre bande dessinée et sa non moins célèbre potion magique est aussi facile que ce qu’il est criant de vérité : Le foot, Olivier Dall’Oglio est tombé dedans quand il était petit. « Je suis passionné de ballon rond depuis toujours, sourit-il. J'ai toujours baigné dedans. »
Mais au fond, pouvait-il en être autrement pour cet Alésien pur sucre, qui a passé son enfance à suivre, ballon au pied, son père coiffeur et footballeur amateur passionné ? C’est là-bas, en plein cœur des Cévennes où il est né, qu’''ODO'' a bâti sa sensibilité football :
A Salindres d’abord, aux côtés d’un certain Jean-Yves Hours, qu’il a retrouvé cet été dans le staff du MHSC, puis à l’Olympique d’Alès où il a fait toutes ses gammes, avant d’y débuter en D2 à l’âge de 18 ans. « J’étais le Régional de l’étape. J’y suis resté jusqu'à l'âge de 25 ans et y ait vécu de très belles aventures, dont plusieurs barrages pour l'accession en D1 et une demi-finale de coupe de France en 1987. »
La suite de sa carrière de joueur a mené ce latéral droit au profil – déjà – plutôt offensif à Strasbourg, Perpignan et Rennes. Monté en D1 dès sa première année avec le club breton, il y a découvert la D1 à 30 ans, avant de devoir mettre un terme à sa carrière deux ans plus tard en raison d'une vilaine blessure au genou. « J'aurais pu faire mieux car, avec le recul, je pense que je n'étais pas assez conseillé sur certains aspects de mon jeu, ce qui est aussi en partie de ma faute car j'aurais dû chercher à m'entourer un peu plus, explique-il. Quoi qu’il en soit, j'ai vécu mon rêve de gosse en ayant une carrière pro. J'ai eu la chance d'évoluer avec de grands joueurs comme Leboeuf ou Djorkaeff pour ne citer qu’eux. Je n'ai pas de regrets. »
Dès l’arrêt de sa carrière de joueur, c’est à Alès, alors en DH, qu’il a débuté sa carrière d’entraîneur. Un parcours de technicien qui l’a mené, dans le désordre, à Troyes (où il a dirigé la réserve), aux Emirats Arabes Unis où il a été l’adjoint de Dominique Bathenay, mais aussi au Nîmes Olympique dont il a dirigé le Centre de Formation au début des années 2000, permettant même aux jeunes crocos d’atteindre la finale de la Coupe Gambardella en 2004.
Il lui aura fallu attendre d’avoir 47 ans pour connaître sa première expérience à la tête d’une équipe professionnelle. Après 2 saisons à Dijon comme adjoint de Patrice Carteron, puis comme Directeur du Centre de Formation (où il a notamment participé à l’éclosion de Florent Mollet), les dirigeants bourguignons lui ont confié le poste d’entraîneur principal, durant l'été 2012, alors que le club venait d’être relégué en L2. Choix payant puisque 4 ans plus tard, le DFCO retrouvait l’élite avant de s’y maintenir durant 2 saisons consécutives. Un challenge qu’il a aussi relevé à Brest ces deux dernières saisons « même si la seconde fut plus difficile et que le MHSC nous a permis de nous maintenir en s’imposant à Nantes lors de l’ultime journée », reconnait-il humblement.
A Dijon comme à Brest, Olivier Dall’Ogio s’est surtout bâti la réputation d’un entraîneur à la philosophie offensive, capable de faire bien jouer ses équipes malgré des moyens limités et en s’appuyant notamment sur la post formation. Un profil qui a séduit le Président Laurent Nicollin au moment de chercher un successeur à Michel Der Zakarian… Et l’attraction a été réciproque. « Montpellier a été le premier club à me solliciter. Quand j'ai eu le Président Laurent Nicollin au téléphone, dès que j'ai raccroché, j’ai senti que je voulais vraiment venir ici. Le MHSC reste le gros club de la région dont je suis originaire. Je l’ai vu évoluer, grandir, avec des valeurs, une forte identité, explique Olivier Dall’Oglio. C'est un club jeune mais déjà chargé d'histoire, avec notamment ce titre de champion de France en 2012. J'ai toujours été fasciné par ce club et le projet me plaisait vraiment. »
Un projet qui mêle continuité en termes de résultats et de qualité de jeu, mais aussi une certaine rupture puisque plusieurs cadres sont partis et que le groupe a été profondément rajeuni : « Le travail effectué par Michel Der Zakarian et son staff est assez exceptionnel, puisqu’il a su placer le club dans le top 10 sur la durée, ce qui n'est pas simple, souligne le nouveau technicien pailladin. Aujourd’hui, ce qui me plaît dans ce projet, c'est que l'on est dans une période de renouvellement et qu’il y a une part de reconstruction. C'est aussi cela qui rend le challenge intéressant, tout comme le fait de devoir s'appuyer sur la post-formation. C'est la raison pour laquelle plusieurs jeunes ont participé à la préparation. »
Une préparation que le coach estime très positive : « Je suis heureux de l'état d'esprit affiché. Je sens un groupe travailleur, investi, qui a du talent et des hommes de caractère. C'est très positif de pouvoir s'appuyer là-dessus, détaille-t-il. Je vois des jeunes avec du potentiel et qui sont très motivés. Il faut les perfectionner, ce qui nécessitera sans doute un peu de temps car on ne pourra pas leur demander d’être au top tout de suite, mais je suis convaincu qu'avec du temps et du travail nous allons y parvenir. De toute façon, même s'il y a des tâtonnements au départ et des ajustements, il va nous falloir passer cet écueil le plus rapidement possible. »
Il poursuit : « La saison dernière, l'équipe a produit du jeu, a marqué beaucoup de buts et l’effectif possède encore beaucoup d'arguments offensifs sur lesquels nous devons nous appuyer, même si l’effectif peut encore évoluer dans les 2 sens d’ici le 31 août, comme c’est le cas pour tous les clubs. Quoi qu’il en soit, nous devons continuer à nous appuyer sur cette envie de produire du football offensif, tout en gardant une base collective défensive intéressante pour pouvoir récupérer collectivement les ballons et ensuite réaliser des bons enchaînements et marquer. »
La transition est toute trouvée pour évoquer la fameuse philosophie de jeu du nouvel entraîneur montpelliérain : « Avec le staff, notre philosophie est d’abord d’avoir le ballon quand on le peut, ce qui est forcément plus difficile selon l’adversaire, de construire du jeu et de finir les actions, mais surtout que les joueurs prennent du plaisir en jouant et qu’ils en donnent au public, poursuit-il. Je vois le football comme un spectacle, sans oublier le résultat, car on ne peut pas durer dans ce métier sans en avoir. Derrière le jeu, les buts marqués et la victoire, il y a cette fameuse émotion que l'on donne aux gens. C'est ça aussi le plus important : Il faut arriver à faire ressortir cette émotion, faire vibrer les spectateurs et qu'ils repartent du stade en étant heureux. »
De fait, Olivier Dall’Oglio se réjouit donc du retour du public ce dimanche soir à La Mosson face à l’OM : « C’était un crève-cœur de ne pas avoir de public dans les tribunes et je me doute que c'était encore plus difficile pour les supporters. Je sais qu’ils étaient malheureux de ne pouvoir venir et leur retour est une très bonne nouvelle, souligne le coach. Nous avons un gros match d’entrée avec la venue de l’OM qui a effectué un recrutement intéressant et qui fait partie des cadors du championnat. Ce ne sera pas facile pour nous car nous sommes dans une période de mutation et de construction de l'équipe, il y aura besoin d'un peu de patience mais les joueurs vont tout donner et le soutien de notre public sera un atout. »
Homme assez calme hors des terrains qui, selon ses propres mots, consacre 90% de sa vie au football et dont les 10% restants se partagent entre la famille, des balades à pied ou à vélo, mais aussi de la peinture, Olivier Dall’Oglio semble en tout cas impatient à l’idée de devenir ce dimanche le 20e entraîneur de l’histoire à diriger le MHSC : « Quand on arrive ici, on sent un état d'esprit, une culture très marquée de par les nombreux anciens qui sont présents à tous les étages du MHSC, conclut-il. On sent un club très familial, avec une identité forte… tout cela me donne encore plus envie de réussir. Je sens tout le monde très impliqué, c'est une très bonne chose. On ne réussit jamais seul. Quand on gagne, c'est tout un club qui gagne, toute une ville et toute une région. On représente quelque chose. Ce n'est pas anodin et c'est aussi pour ça que je suis très fier de rejoindre ce club et de relever le défi qui m’a été proposé » Bienvenue coach !
