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« Une génération de supporters est née dans cette épopée »

Il y a 30 ans, le 6 mars 1991, le MHSC entamait l’avant-dernière étape de son incroyable épopée en Coupe des vainqueurs de Coupe en se déplaçant sur la pelouse de Manchester United en quart de finale de la compétition. A cette occasion, le Directeur Général du club héraultais, Philippe Peybernes, ouvre son album souvenirs et revient sur cette aventure avec beaucoup d’émotion.

Philippe Peybernes est un homme de l'ombre. Sa parole est aussi rare que ce que son apport dans les coulisses du club est précieux. Véritable pilier du MHSC depuis plus de 30 ans, le Directeur Général du club montpelliérain a quasiment tout vécu au MHSC : les descentes en Ligue 2, neuf orteils dans le vide au bord du précipice du National, les montées dans l'élite, le titre de Champion de France 2012 et bien sûr les épopées européennes. Parmi ces dernières, le parcours en coupe des coupes des hommes du Président Louis Nicollin lors de la saison 1990-1991 garde une place à part dans son esprit. Un choix du cœur qu’il justifie de la manière suivante : « Je garde un souvenir extraordinaire de cette aventure. Avant le titre de 2012, c'est la période qui est restée la plus gravée dans ma mémoire, se souvient-il. On sortait d'une finale de Coupe de France gagnée en 1990 contre le Racing Paris, ce qui correspondait au premier grand titre de l'histoire du club, même si nous avions été sacrés champions de France de D2 en 1987. Cette participation à la coupe des vainqueurs de coupe constituait notre deuxième aventure européenne, après celle vécu deux ans auparavant en coupe de l'UEFA ou nous avions été éliminés d'entrée par Benfica. »

SONO ET ASPIRIN

‘’Dépucelée’’ sur le plan continental deux ans plus tôt, La Paillade n'avait donc plus vraiment le stress de la découverte à l’heure de démarrer cette campagne européenne, en 1990 : « En plus, la coupe des coupes était par définition une compétition propice aux surprises, ce qui était moins le cas pour la coupe de l'UEFA et bien sûr pour la Ligue des Champions. », ajoute Philippe Peybernes.

Au moment de se rendre en Suisse où ont traditionnellement lieu les tirages au sort européens, le sourire est donc de mise, en même temps qu'une bonne dose d'excitation ; mais lorsque le mythique PSV Eindhoven, vainqueur de la Coupe d'Europe des clubs champions (l'ancêtre de la Ligue des champions), deux ans auparavant, sort des petites boules rouges, c'est la stupeur qui règne dans les rangs Héraultais. « A cet instant précis, on se dit presque que c'est fini avant même de les jouer », sourit Philippe. Il faut dire que le PSV, était une institution. Le club faisait partie de l’entreprise Philips comme cela était le cas à l’époque pour Casino avec Saint-Étienne ou Sochaux avec Peugeot, mais le club néerlandais comptait surtout dans ses rangs des joueurs prestigieux tels Van Breukelen dans les buts ou le défenseur Eric Gerets (plus connu par les jeunes générations pour avoir entraîné l’OM bien des années plus tard), ou bien encore la star brésilienne Romario.

Condamné d’avance sur le papier, le club montpelliérain brille alors dans son costume fétiche d’outsider et s’impose 1-0 à La Mosson grâce à un but de Jacek Ziober. « Personne nous donnait la moindre chance de passer et c'était déjà un petit exploit de les avoir battus à l'aller, et d’avoir un coup à jouer au retour. » Le match retour au Philips Stadion d’Eindhoven commence bien avant la rencontre par une anecdote assez savoureuse : « Nous avions été très bien reçus, se souvient Philippe Peybernes. Nous avions visité l'usine Philips puisque plusieurs dirigeants du club étaient des cadres de cette grande entreprise. »  Pour l’anecdote, la délégation montpelliéraine avait croisé l'arbitre du match du soir accompagné de ses deux assistants avec les caddies pleins de matériels hi-fi et vidéo. « L’arbitre s’appelait Alexis Spirin et le Président Louis Nicollin l’avait abrégé en ‘’Aspirin’’, sourit Philippe Peybernes. Il aimait raconter cette anecdote. Déjà que nous n’étions pas favoris, on s’est dit que ça allait être très compliqué… »

Sur le terrain, la sono locale ne demandait qu’à s’égosiller pour fêter les buts des hommes de Bobby Robson. Raté ! Les protégés de Henryk Kasperczak (qui reste à ce jour le seul entraîneur étranger de l'histoire du club) tiennent le 0-0 à l’issue d’un véritable attaque-défense et s’offrent une qualification synonyme d’exploit, qui fera dire cette célèbre phrase au mythique coach anglais des Bataves dans une des conférences de presse de fin de match les plus rapides de l’histoire : « Montpellier ? Good number four and five. Goodbye ! ». Traduisez « Montpellier, bons n°4 et 5 (désignant ainsi la prestation XXL de la charnière centrale héraultaise, ce soir-là). Au revoir ! »
« Les joueurs avaient été héroïques », se souvient Philippe Peybernes, ému au moment d’évoquer l’anecdote suivante « Nous étions littéralement acculés sur notre but et, à un moment donné, nous avons une situation de contre. Je vois encore le Président Louis Nicollin, qui était sur le banc à l'époque, suivre Laurent Blanc qui partait vers le but, en courant au bord de la ligne de touche… Malheureusement, le gardien hollandais avait fait un très bel arrêt. »

LA PLUIE, AU PROPRE COMME AU FIGURÉ

Invité surprise des huitièmes de finale, le MHSC tire alors un autre ancien finaliste de la Ligue des Champions, le Steaua Bucarest. Si, avec le recul, l’ampleur du score (succès 5-0 à l’aller à La Mosson), peut laisser croire à un match facile, Philippe Peybernes tient à relativiser cette impression. « On avait reçu les Roumains sous une pluie diluvienne. Je pense d’ailleurs que si cela avait été un match de championnat, la rencontre ne serait pas allée à son terme, mais, en Coupe d’Europe, il fallait vraiment un très gros événement pour que le match n’ait pas lieu. C'est vrai qu'on avait gagné 5-0 mais, contrairement à ce que le score peut laisser croire, on en avait pas mal bavé. » Deux souvenirs jaillissent alors de la mémoire du Directeur Général du MHSC : la grave blessure de Kader Ferhaoui, qui avait été taclé sur le genou par le défenseur Roumain Popa, exclu sur le coup (20e), mais aussi un fait de jeu beaucoup plus amusant : « Alors que le score était encore de 0-0, un attaquant du Steaua est parti tout seul en direction du but de Claude Barrabé. A cet instant, un coup de sifflet est tombé des tribunes et le joueur s’est arrêté pensant que l’arbitre avait signalé un hors-jeu. Louis Nicollin avait d’ailleurs tenté de retrouver la personne qui avait sifflé mais la moitié du stade s'accordait la paternité de cette fameuse action » (sourire).

S’il n’était presque devenu qu’une formalité sur le plan sportif vu le score du match aller, le match retour à Bucarest fut en revanche un moment chargé d’histoire : « Le régime roumain était tombé moins de 2 ans avant (fin du régime de Ceaușescu en décembre 1989 NDLR). L’ambiance était assez bizarre. Je me souviens notamment de nombreux impacts de balles sur les murs », raconte Philippe. « A l’époque, le Dynamo Bucarest était le club de la police et le Steaua celui de l'armée. C'est la raison pour laquelle tous les dirigeants qui nous avaient reçus lors du dîner protocolaire étaient des militaires. Nous avions joué en fin d'après-midi dans un très grand stade, où il y avait très peu de monde. La majeure partie des spectateurs étaient d'ailleurs des gens de l'armée, mais le kop roumain était assez chaud. » Sur le terrain, le MHSC s’impose sans souci (3-0) avec un onze de départ largement remanié.

Sans souci ? Pas tout à fait, n’est-ce pas Philippe ? « La veille du match, Robert Nouzaret (alors manager général du club) était parti visiter un petit peu la ville et il avait voulu échanger ses dollars en Lei, (la monnaie roumaine). Quand il est revenu à l’hôtel Bucaresti, où nous logions, il s’est aperçu que le premier et le dernier billet de sa liasse étaient bien des Lei, mais qu’entre les deux, ce n’était que du papier journal. » (sourire). Au-delà de cette anecdote, c’est aussi l’occasion d’évoquer comment se préparaient les déplacements européens à une époque où la technologie était bien moins présente qu’aujourd’hui et les staffs beaucoup moins élargis : « Nous partions tous les trois dans l’avion du Président avec Robert Nouzaret et Henryk Kasperczak, se souvient Philippe Peybernes. Robert et Henryk supervisaient les adversaires et, de mon côté, je m'occupais de l'intendance et notamment de la réservation des hôtels. »

CONVOQUÉ PAR SCOTLAND YARD

L’hôtel suivant fut réservé près de Manchester, en vue d’une visite du mythique stade d’Old Trafford, l’antre des Red Devils de ‘’Man United’’, adversaires du MHSC en quart de finale : « Old Trafford c’était quelque chose ! Un stade typiquement anglais, plein avec les chants et toute la ferveur qui va autour. Ça nous donnait des frissons, raconte Philippe. On avait vécu un début de match à l'anglaise où les Mancuniens avaient emballé le match d’entrée. On ne voyait vraiment pas le jour. On prend un but très rapidement (dès la 2ème minute), et, à cet instant, on se dit ‘’qu'on va en prendre comme aux quilles’’ ». Mais le MHSC laisse passer l’orage et résiste avant de revenir dans le match… et après s’être montré menaçant à deux reprises, Jacek Ziober voit son centre dévié par l’infortuné Anglais Martin dans ses propres filets (1-1, 8e). « Ensuite, nous avions réussi à tenir ce score et nous nous étions même créés quelques opportunités. Je me souviens même qu'en fin de match, Daniel Xuereb était parti en contre, avait réussi à effacer le gardien…. le ballon filait dans le but vide mais il s’était arrêté dans une flaque de boue à 10 cm de la ligne. » Une flaque qui avait privé le MHSC d’un moment historique puisqu’à cette époque, Manchester United n'avait jamais perdu un match de coupe d'Europe devant son public. Dommage tant les Montpelliérains avaient réalisé un match héroïque dans le ‘’Théâtre des Rêves’’, et notamment, un homme en particulier, Michel Der Zakarian. Titulaire en charnière centrale ce soir-là, l’actuel entraîneur du MHSC s’était gravement blessé au genou pendant la rencontre mais avait serré les dents jusqu’au bout pour tenir l’attaquant vedette de United à l’époque, Mark Hughes, et ne pas laisser tomber ses coéquipiers. « C’était à l’image de cette équipe, souligne Philippe Peybernes. Nous avions d’excellents joueurs mais aussi de vrais combattants qui ne lâchaient rien. »

A l’heure d’aborder le match retour, tous les espoirs sont permis pour les Montpelliérains, pourtant privés de Der Zakarian (blessé) et Baills (suspendu). « L’équipe était très diminuée mais on savait qu’un 0-0 nous qualifiait, alors on y croyait » Côté ambiance, le Stade de La Mosson était comble car toutes les places avaient été vendues avant même le match aller. Si le bonheur de voir une telle ferveur était incomparable, Philippe Peybernes et les dirigeants montpelliérains avaient cependant quelques sueurs froides alors que le hooliganisme était encore bien présent Outre-Manche : « Des supporters anglais avaient réussi à racheter des billets à des Français. L’un d’entre eux, qui était connu des services de police, s’était fait attraper à la frontière à Douvres, raconte Philippe. Du coup, j'avais été convoqué à Scotland Yard et j’étais parti à Londres avec une personne qui faisait office de consul anglais à Montpellier, car les policiers cherchaient à savoir si nous n'avions pas vendu sciemment des billets à des supporters anglais, chose que nous nous étions interdits de faire. On avait limité à 200 le nombre de personnes dans le parcage visiteurs. »

Sur le terrain, l’ambiance sera douchée en fin de première période avec le coup-franc de Blackmore et la fameuse faute de main de Claude Barrabé (45e), puis le penalty transformé au tout début du 2ème acte par l’actuel manager des Magpies de Newcastle, Steve Bruce (49e). « Le regret c’est que Manchester, qui avait battu un FC Barcelone vieillissant en finale, semblait à notre portée, se remémore Philippe Peybernes. C’était peut-être l'année ou jamais pour réaliser l'exploit. » Au-delà de cette déception, notre témoin privilégié garde un souvenir très ému de cette fabuleuse épopée : « Cette équipe comptait de grands joueurs mais elle avait surtout un cœur énorme. Wilbert Suvrijn par exemple en avait entendu des vertes et des pas mûres à Eindhoven, lui le Hollandais qui jouait dans le camp d'en face, mais il ne s’était pas laissé impressionner. On avait des guerriers, des joueurs qui laissaient leur cœur sur le terrain, et beaucoup de talents aussi : Lemoult et Xuereb avaient quand même été sacrés champions olympiques en 1984 ; on se souvient aussi des carrières réalisées ensuite par Laurent Blanc ou Vincent Guérin pour ne citer qu’eux. »

Reste à évoquer un dernier aspect, économique celui-là, au cœur d’une époque où le Président Louis Nicollin aimait se faire plaisir et faire plaisir à ses supporters, en s’offrant par exemple un ballon d’or sud-américain nommé Carlos Valderrama. « Je ne me souviens plus des chiffres. Ce que je sais, c'est que nous étions au bord du gouffre financier à l'époque et que le fait de gagner la coupe de France 1990 et de faire ce beau parcours européen dans la foulée, nous avait permis de nous remettre quasiment à flot, conclut Philippe Peybernes. Ce que je retiens aussi, c’est que toute une génération de supporters est née à partir de cette épopée. Pour les supporters qui étaient déjà présents, c'étaient une sorte d'apothéose et ça nous a permis d'attirer énormément de jeunes qui sont devenus des supporters du club en vivant cette aventure en Coupe des Coupes. » Une aventure qui restera, c’est certain, à jamais gravée dans l’histoire du MHSC…

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