Mollet – Sambia, le face à face des artilleurs

Seuls joueurs montpelliérains à avoir inscrit un but sur coup franc direct cette saison, Florent et Junior s’apprécient aussi beaucoup hors du terrain. L’occasion d’une belle interview croisée pour évoquer leur jeu, leurs affinités, la saison, sans oublier un autre amoureux des coups de pied arrêtés : Téji Savanier

Que vous inspire le fait d'être les deux seuls joueurs du MHSC à avoir inscrit un but sur coup franc direct cette saison ?

Florent MOLLET : C'est gratifiant pour tous les deux.... Peut-être même encore plus gratifiant que ce soit Junior qui ait mis le premier. Il le méritait et il a mis un sacré coup de patte. En plus c'était contre Bordeaux dans un match important pour l’équipe. Ce but nous a permis de revenir au score et nous étions tous contents pour lui. J’aimerais aussi que Téji (Savanier) ouvre son compteur dans ce domaine. Il est très performant sur les coups de pied arrêtés, il fait marquer et ce serait bien qu'il puisse lui aussi marquer sur ces phases-là.

Junior SAMBIA : C’est vrai que nous sommes deux mais nous pourrions être trois parce que Téji tire vraiment très bien les coups-franc aussi. Pour l'instant, il n’a pas eu suffisamment de réussite pour en inscrire un, mais je pense que cela va venir. Plus globalement, je dirai que marquer de cette façon est quelque chose de positif et je pense que nous pourrions en mettre plus aussi. Il faut continuer à travailler à l'entraînement, à rester concentré et surtout ne pas hésiter à tenter notre chance car nous avons la qualité pour faire de bonnes choses sur ces phases de jeu.

Si vous deviez nous décrire vos coups francs directs, comment le feriez-vous ? 

Junior sur son coup franc contre Bordeaux : J'aime bien les coups franc un peu lointains. Je dirai que 25-30 mètres est ma distance préférentielle. J'ai demandé à Flo de me le laisser. J'ai tenté ma chance avec le bout de l'intérieur du pied pour donner une trajectoire spécifique au ballon et lui permettre de redescendre plus vite… et il a fini au fond. Ce but contre Bordeaux représente exactement ma manière de tirer. Après, quand ça marche on va dire que c’est super, et, si ça ne marche pas, on va dire que je l’ai frappé comme une pénalité au rugby (sourire). Le premier qui l’a vu au fond, c’est Téji, qui a crié « bien joué » alors que le ballon venait juste de partir. Moi j'ai mis un peu plus de temps à réaliser mais quand j'ai vu le ballon au fond, j’étais très heureux.

Florent sur son coup franc à Châteaubriant : J'ai deux façons de tirer les coups de pied arrêtés. Depuis un petit moment maintenant, j'ai aussi appris à les tirer de loin, un peu coup de pied, alors que j'étais plus adepte de la frappe enroulée. Il faut savoir ouvrir sa panoplie et pouvoir faire les deux. Sur le coup franc de Chateaubriant, je suis un peu loin pour l'enrouler, il aurait fallu mettre beaucoup de puissance, ce qui aurait été compliqué, donc j'ai essayé de la frapper un petit peu coup de pied. Le ballon passe le mur assez vite, il retombe rapidement aussi, il flotte beaucoup et va se loger dans le petit filet, donc c'était assez compliqué pour le gardien. Ce coup franc m'a fait du bien personnellement parce que c'est le genre de but que j'affectionne et que cela engendre beaucoup de confiance mais, le plus important, c'est que ce but  a fait du bien à l’équipe et nous a permis de passer ce tour. C’est ce que je retiens le plus.

D’ailleurs Flo, quand tu marques ton coup franc, tu vas directement le fêter avec Junior…

Florent : Junior avait mis le sien quelques jours plus tôt contre Bordeaux et c'était un petit clin d'oeil de ma part. Allez le voir c'est la première réaction que j'ai eue, ce n'était même pas réfléchi ou calculé à l’avance. C'était pour le symbole parce que j'étais vraiment très heureux qu'il ait mis le sien, et pour lui dire que désormais, moi aussi j'avais mis le mien (sourires).

Junior : Nous apprécions beaucoup tirer les coups de pied arrêtés, tous les trois, avec Flo et Téji, et chacun est content pour l'autre quand il réussit son geste. Je ne vais pas dire que je m'attendais à ce que Flo vienne me voir après son but mais je m’en doutais un peu car on parle beaucoup de ce genre de geste ensemble. En tout cas, son attention m’a fait très plaisir.

Vous travaillez les coups francs depuis gamin ?

Florent : Je dirai plutôt depuis l'âge de 14 ou 15 ans. C’est à cette période que les coups francs ont commencé à faire partie de mon jeu. Je travaille cet aspect au maximum au quotidien. Depuis mes  débuts professionnels, ça me réussit plutôt bien quand même. J'en ai mis pas mal, notamment ici avec Montpellier (5 au total, NDLR). Il faut continuer comme ça car ça peut servir pour l'équipe. Je n'ai pas forcément de joueurs qui m'inspirent particulièrement dans ce domaine car je pars du principe que chacun a sa façon de tirer. On peut regarder comment frappe les tireurs, prendre des conseils quand on peut vous en donner, notamment dans la façon de traverser le ballon qui est aussi quelque chose d'important, mais à partir d'un certain moment, il faut s'approprier ce geste si particulier et le faire sien. ça ne sert à rien de copier un autre joueur car chacun à sa manière de faire. Chacun fait le nombre de pas qu'il souhaite pour s'ajuster afin d'être le mieux derrière le ballon, chacun prend sa respiration moment où il en a le plus besoin… Dans l'effectif, c'est quelque chose que Téji, Junior et moi, nous avons en nous, mais nous devons tout de même le travailler afin de vous perfectionner et d’être performant le jour J. On n’arrive pas en match en se disant qu’on va tenter sa chance une fois dans l’année et que ça va finir au fond. C'est le fruit d'un travail de longue haleine.

Junior : C'est un domaine que j'affectionne depuis tout petit et que j'essaie de travailler en conséquence au quotidien. Étant originaire de Lyon et ayant grandi en regardant les matchs de l'Olympique Lyonnais, je me souviens très bien de Juninho qui frappait remarquablement bien les coups-franc. Sa façon de tirer était vraiment remarquable et je pense que tout le monde le regardait effectuer ce geste. Je me souviens notamment d’un coup franc magnifique qu'il avait inscrit contre le Bayern Munich en Ligue des Champions.

Quel est votre coup franc préféré parmi ceux que vous avez inscrits ?

Si vous deviez décrire la façon de frapper l'un de l'autre, comment le feriez-vous ?

Florent : Junior frappe plutôt de loin et ce n'est pas forcément la même façon de tirer que moi. Il est capable d'envoyer un ballon qui ne flotte pas forcément mais qui passe le mur très vite et retombe très vite. C'est presque une feuille morte et quand c'est cadré comme contre Bordeaux, ça va tellement vite que c'est quasiment imparable pour le gardien. Je pense que Junior prend plus le ballon de l’intérieur du pied que moi. Pour ma part je le prends plus coup de pied.

Junior : Flo a plusieurs façons de tirer, là où moi je n'en ai qu'une. Florent – comme Téji d'ailleurs – frappe ''coup de pied'' ou ''enroulé''. Flo a vraiment un coup de fusil : ça part très vite et c'est précis. On sent beaucoup de maîtrise dans son geste. On le voit notamment sur le fait que, quand il frappe, la plupart du temps, c'est cadré donc il y a forcément danger.

Les coups de pied arrêtés sont de plus en plus importants dans le foot. Existe-t-il un petit défi entre vous dans ce domaine ?

Florent : Les coups de pied arrêtés représentent un pourcentage important des buts qui sont marqués chaque week-end. C'est un élément indéniable dans le football moderne. Quand le match est fermé, qu’il y a 0-0 ou 1-1 à la 85e, un corner ou un coup franc – qu'il soit direct ou indirect – peut te permettre de gagner. Nous l'avons vu cette saison contre Lens où notre 3ème but est intervenu sur coup franc ; idem contre Nîmes pour l'égalisation d’Andy qui vient d'un corner. Il n'y a pas de challenge particulier entre nous. On est content pour celui qui a donné un bon ballon ou marqué, comme nous étions tous contents pour Junior contre Bordeaux car nous savions qu'il était capable de ça. Quand la situation se présente, nous parlons entre nous pour savoir lequel des trois se sent le mieux. Ce n'est pas quelque chose qu'on décide à l'avance. Contre Chateaubriant par exemple, Andy voulait le tirer. On s'est posé, on a regardé le mur, il m'a dit : « Vas-y si tu te sens » et j’y suis allé mais la prochaine fois, ce sera peut-être pour lui, Junior ou Téji. Ça fonctionne au feeling.

Junior : Les coups de pied arrêtés sont un élément très important car ils peuvent permettre de débloquer un match. On l'a vu d'ailleurs grâce au coup franc de Florent à Chateaubriant où nous avons ouvert le score ce qui nous a permis de déverrouiller un match fermé. C’est le plus important. Après, comme l’a dit Flo, ça fonctionne au feeling : On discute et on voit lequel de nous se sent le mieux quand l’occasion se présente.

Vous êtes aussi à égalité en termes de passes décisives depuis votre arrivée au club (11 chacun)

Junior : J’ai plus habitude de faire des passes décisives que de marquer. Pour Flo comme pour moi, cela fait partie intégrante de notre rôle et c’est quelque chose que l'on aime bien. Flo est un meneur de jeu, donc c’est vraiment son rôle attitré. Pour ma part, j’ai vraiment un rôle de centreur puisque j'évolue en position de latéral. J’ai joué un peu partout dans ma carrière, donc je connais aussi ce qu’est un poste plus axial, mais je me sens aussi très bien sur un côté. Cela me permet de faire parler mes qualités de vitesse mais aussi dans les un-contre-un parce que j'aime beaucoup les duels. Être sur le côté me permet aussi de recevoir de très bons ballons de la part de Flo ou de Téji qui m'envoient de superbes transversales. Ils ont la qualité pour mettre le ballon où ils le souhaitent, donc, quand tu fais un appel, tu sais que le ballon va t’arriver comme il faut.

Florent : Les passes décisives de Junior viennent globalement plus sur des centres, ce qui est normal puisqu'il évolue au poste de latéral. De mon côté, mes passes décisives sont souvent intervenues sur coup de pied arrêté mais aussi dans le jeu, dans une position peut-être plus axiale. Marquer un but est une sensation très agréable parce que vous êtes à la finition mais c'est aussi très gratifiant de délivrer une passe décisive pour un partenaire. On a toujours envie de donner un bon ballon, un « cadeau » à son partenaire et c’est ce que l'on essaie de faire. Nous avons des attaquants de qualité à la réception des trajectoires qui mettent souvent le ballon au fond.

Vous êtes proches dans la vie...

Florent : J'apprécie la personnalité de Junior, sa façon de voir les choses. Junior est quelqu'un de réservé, de très gentil aussi. C'est un très bon mec, bien éduqué. Quand vous apprenez à le connaître, vous découvrez quelqu'un d'extraverti, qui va s'ouvrir aux autres, qui a de la joie de vivre et beaucoup d'humour. C'est une personnalité attachante il faut qu'il reste comme ça. C'est quelqu'un de fantastique.

Junior : Flo est un très gros râleur ! (sourire) Au-delà de ça, et pour être plus sérieux, c'est un garçon qui aime bien rigoler et un super mec. C'est quelqu'un d'attachant aussi avec qui j’aime beaucoup discuter. Avant qu'il y ait la crise du Covid, on aimait bien se retrouver en dehors du terrain, au resto ou pour aller se balader. C'est quelqu'un que je côtoie régulièrement. C’est mon gars ! (sourire)

Même s’il n’a pas encore marqué sur coup franc direct cette saison, l’autre grand spécialiste des coups de pied arrêtés, c’est Téji Savanier…

Junior : Téji est une personne différente sur le terrain et en dehors. Sur le terrain, tu l’entends beaucoup, il parle tout le temps pendant les matchs, il crie, il s'embrouille, ; alors qu'en dehors, il n'est pas du tout comme ça. Quand le match est fini, dans la vie, c'est quelqu'un de calme, de discret. Il est d’ici et aime bien rester avec ses amis qu’il connaît depuis toujours. Concernant son jeu, il a vraiment une très grosse qualité de pied. On le ressent tout de suite dans sa justesse de passes. J’ai joué contre lui durant de nombreuses années, notamment quand nous évoluions en L2, lui à Arles-Avignon puis à Nîmes et moi à Niort. J’ai toujours entendu parler de sa très grande qualité sur coup de pied arrêté et je ne suis pas déçu quand je le vois au quotidien aujourd’hui. C'est un super joueur. J’espère que le prochain coup franc direct marqué par le MHSC sera pour lui !

Florent : C'est extraordinaire d'avoir un joueur comme Téji dans son effectif. C'est quelqu'un qui a son caractère mais qui reste à sa place, qui ne fait jamais d’embrouille, qui est là pour les autres aussi. Je pense que c'est un des meilleurs joueurs avec lesquels j'ai pu évoluer. C'est une personnalité attachante, atypique. On connaît la façon dont il vit, son monde à lui, mais je trouve que c'est beau d'avoir des joueurs comme ça dans son effectif car le football c'est le peuple et avoir un joueur comme ça, ça représente bien football. Téji n'est pas une diva, mais un équipier modèle. C'est vraiment plaisant de jouer avec lui. sur le terrain et d'être avec lui au quotidien dans le vestiaire. Concernant sa façon de frapper sur phase arrêtée, je dirai qu'elle est différente de celle de Junior et moi. Le ballon retombe également très vite – je pense plus vite que Junior et moi d'ailleurs – mais je trouve qu’en plus, Téji est vraiment ‘’chirurgical’’. Quand il est devant le but, trois fois sur quatre c'est au fond et imparable pour le gardien. Il a vraiment une qualité de pied extraordinaire, que ce soit du droit ou du gauche.

Un mot sur la venue de Saint-Étienne à La Mosson dimanche et la demi-finale de Coupe de France qui se profile...

Junior : Nous avons décroché la victoire lors du match aller à Geoffroy Guichard et j'espère qu'il en sera de même au retour. En tout cas, nous allons tout faire pour gagner chez nous. Saint-Étienne est une équipe très jeune et qui a du talent. Les Verts ont bien relevé la tête ces dernières semaines en remportant des matchs très importants pour eux. Ça nous promet un match intéressant et j'espère que nous allons l'emporter. Il nous reste 4 matchs à disputer en championnat, et la coupe de France en plus. La Coupe de France, c'est vraiment quelque chose qui fait rêver et nous allons tout faire pour décrocher notre place en finale

Florent : Il reste peu de matchs et tous seront compliqués, pour nous bien sûr mais pour les autres aussi.  Saint-Étienne va se maintenir, mais c'est une équipe qui a encore besoin de points pour se rassurer et pour être définitivement à l'abri. Les Verts reviennent bien et me semblent nettement mieux qu'à une certaine époque. Je pense d'ailleurs que cette équipe de l’ASSE sera différente de celle que nous avons affrontée lors du match aller lors de notre victoire à Geoffroy Guichard. Je m'attends à un match compliqué, comme toujours en Ligue 1, face à une équipe qui a beaucoup de qualités dans tous les secteurs du jeu et qui avait juste un problème de confiance à un certain moment qu'il fallait résoudre. Ce sera à nous d'être vigilants et de tout donner pour gagner ce match. Concernant la Coupe de France,  c'est très beau pour le club et pour les supporters que nous soyons en demi-finale. Ça fait un petit moment que le MHSC n'était pas arrivé à ce stade de la compétition. C'est vraiment dommage que les supporters ne puissent pas être avec nous au stade pour participer à cet événement mais c'est la situation actuelle qui veut ça. Nous savons qu'ils seront à fond avec nous devant leur télé. Que ce soit en coupe ou en championnat, Il faut d'abord se focaliser sur nous et faire la plus belle fin de saison possible, en espérant décrocher quelque chose de beau à la fin.