Michel Der Zakarian, 550 matchs et une vocation | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

Michel Der Zakarian, 550 matchs et une vocation

Dimanche lors du derby contre Nîmes, le coach montpelliérain a dirigé son 550e match sur le banc d'une équipe professionnelle. L'occasion pour lui de revenir à travers un entretien à thèmes sur ses souvenirs, sa vocation pour le métier d'entraîneur, sa philosophie et l'évolution de cette fonction. Le tout avec une grande passion

La genèse : de la Jonelière à Grammont

Soir d'hiver au domaine de Grammont. Nous sommes en 2005 et le centre d'entraînement du MHSC n'est pas encore ce qu'il est aujourd'hui. La nuit tombe, on traverse le parking puis un long couloir bordé de chaque côté par les vestiaires des équipes de jeunes du Centre de Formation. Sur le fond, le terrain des pros est déjà vide mais pas celui qui le jouxte. Ce dernier, tout cabossé, est alors celui de l'équipe réserve. Une voix nous guide vers lui : celle de Michel Der Zakarian, qui dirige alors la CFA du club (aujourd’hui, un cran plus bas, en National 3). Regard déterminé, il conseille, ajuste, replace, mêlant voix qui monte et encouragements. Ses mots et phrases fétiches ? « Ensemble » et « défendre en avançant ». Sa rigueur sur le terrain tranche avec sa gentillesse et un aspect humain toujours présents « Pas trop froid ? » dit-il en s’adressant à un spectateur venu assister à la séance. « Ne lâche pas grand ! » ajoute-t-il en s’adressant à l’un de ses jeunes. « Regarde le terrain d’à côté, accroches-toi, c’est là que tu dois aller. » Il fallait voir la qualité de ses séances, leur variété et le cœur qu’il y mettait pour comprendre que cet homme-là avait un destin tout tracé d’entraîneur principal. « J'ai passé mon premier diplôme d'initiateur à Nantes alors que j'étais encore jeune joueur. Ce devait être en 1982 ou 1983, se souvient-il. Une grande majorité de l'équipe professionnelle et des jeunes de ma génération l'ont passé là à cette époque. »
La vocation s’est donc peaufinée au fil des années. A la justesse de ses séances de formateur s’ajoutait la grinta du joueur, celui capable de repousser ses limites au point de jouer une heure à Old Trafford en quart de finale de Coupe des Coupes avec le MHSC en 1991 face à Manchester United, en ayant un genou gravement touché. Ce don de soi qui colle si bien à l’Esprit Paillade, il l’a transmis dès ses débuts de formateur au MHSC et ça reste encore aujourd’hui l‘une de ses bases.
« Si tu n'as pas faim, si tu n'as pas envie, ce n'est pas possible d'y arriver, soutient-il. Il faut se donner les moyens. Il y a le talent, le travail mais aussi le mental. Il faut toujours avoir envie d'être plus fort que ses partenaires, avoir envie d'être meilleur qu’eux et d'être meilleur le lendemain que ce que tu l'as été la veille. L’envie, c’est la base, quel que soit l’âge. »

Sa carrière : Deux montées et des reconstructions

En fin de contrat au MHSC, Michel Der Zakarian revient au FC Nantes en juillet 2006 pour prendre en charge les joueurs non retenus en équipe première, avant d’être nommé à la tête de celle-ci le 12 février 2007. Alors en perdition, le FC Nantes vient d’en prendre 5 à domicile contre Valenciennes et nomme son 3ème entraîneur de l’exercice en cours. Comme le destin n’est jamais avare de clin d’œil, Michel dirige son 1er match comme entraîneur d’une équipe professionnelle le 18 février 2007, jour de son 44ème anniversaire, face à l’Olympique de Marseille, (la ville où il a grandi) et obtient un bon 0-0. Malgré un bon bilan dès sa prise de fonction, le retard pris était trop grand et le FC Nantes est relégué en fin de saison. « Cette première expérience a été difficile, reconnait-il. J'ai eu la chance que les dirigeants me maintiennent en poste et nous sommes directement remontés l'année suivante après une très belle saison. J'étais fier d'avoir atteint cet objectif dans mon club formateur. »

Renvoyé du FC Nantes fin août 2008 après seulement 3 matchs de L1,  ''MDZ'' rebondit à Clermont en juin 2009 avec un tout autre objectif, celui de stabiliser le club en Ligue 2 et de l’aider à franchir un cap. Footeux dans une région où le rugby est roi, il devient l’architecte du club auvergnat et bâtit des équipes toujours très difficiles à manœuvrer, faites d’un savant mélange de joueurs expérimentés (Périnelle, Rivière, Madouni) et contribue à l’éclosion de nombreux jeunes joueurs comme Brahimi, Alessandrini, Privat ou Benatia (pour ne citer qu’eux) qui deviendront ensuite de solides joueurs de Ligue 1, voire sur le plan européen pour ce dernier qui a notamment évolué à la Juventus Turin. « Clermont était un petit club familial où j’'ai été très bien accueilli et dans lequel on m’a laissé travailler comme je voulais », explique-t-il quand on lui demande de revenir sur cette époque. « Chaque année, nous avions eu des belles équipes et nous avions failli monter la première et la troisième année. Mon seul regret c'est sur cette dernière année justement : Nous étions premiers à la trêve et j'ai eu trois cadres blessés de longue durée. Nous n’avons pas pu recruter à la trêve et à la fin, on manque de peu l'accession. »


Il revient ensuite à Nantes durant l'été 2012 avec la mission de remonter. Pari gagné et même au-delà puisqu’après avoir atteint l’objectif dès la 1ère année, il maintient le club nantais dans l’élite les 3 saisons suivantes malgré une interdiction de recrutement pendant 2 ans. « J'ai pris le pari de retourner là-bas parce que c'était le FC Nantes, sinon, je pense que je ne serai pas revenu, reconnait-il. Le jour de cette 2ème montée (victoire 2-1 contre Sedan le 18 mai 2012), j’étais très fier, Nous avions un groupe sympa, des bons mecs qui ont bataillé jusqu'au bout. Cela faisait quatre ans que le club végétait en Ligue 2 et nous avions réussi à remonter et à effectuer ensuite trois années d'affilée en Ligue 1. »
La suite de sa carrière le mena une saison à Reims en 2016-2017 – « Après 3 ans en Ligue 1 ce n'était pas mon projet au départ de revenir en L2 mais j’ai senti que le Président (Jean-Pierre Caillot NDLR) voulait absolument que je vienne. Nous avons fait une belle saison et nous nous sommes effondrés au mois d'avril après un ou deux matchs qui ont servi de mauvais déclic. Malgré ce, j'ai passé une bonne année avec toutes les composantes du club. »
– avant de rejoindre le MHSC durant l’été 2017... Comme cela semblait écrit tant il avait marqué le club autant comme joueur que comme formateur.

« Je ne sais pas si c'était écrit, mais peut-être, sans doute même, sourit-il. Même après être parti, j'ai toujours gardé de bons rapports avec les dirigeants du club où j'avais passé 17 ans de ma vie (9 ans comme joueur, 8 comme éducateur). Forcément, le MHSC est un club qui compte beaucoup pour moi et quand j'ai su que les dirigeants étaient intéressés par ma venue, j'ai dit oui tout de suite. » S’il n’a pas eu le temps de travailler avec le Président Louis Nicollin, décédé quelques jours après son arrivée – «  Son décès m’a rendu profondément triste, c’était quelqu’un qui avait un cœur énorme » – Michel Der Zakarian « apprécie beaucoup de travailler avec le Président Laurent Nicollin » et le fait « que tous les choix que nous avons fait l’ont été en concertation avec chaque composantes du club ». Il peut en tout cas être fier de ce qu’il a réalisé jusqu’ici : 4 saisons au cours desquelles il a stabilisé le club dans l’élite et qu’il pourrait être le 1ère entraîneur de l’histoire à placer dans les 10 premiers durant 4 saisons d’affilée.

Une vraie philosophie

Après avoir stabilisé la défense lors de sa 1ère saison, il s’est ensuite attelé à développer une identité avec un jeu de plus en plus offensif, au point de faire du MHSC l’actuelle cinquième meilleure attaque du championnat. L’occasion d’évoquer sa philosophie et ses convictions, lui qui a parfois été catalogué comme un entraîneur défensif. « Dans le vestiaire, je n'ai pas un discours défensif. Simplement, on m'a toujours appris que quand on n'avait pas le ballon, il fallait savoir le récupérer le plus vite possible en effectuant un travail collectif de qualité, explique-t-il. Il faut être en capacité de courir et de bien courir pour récupérer le ballon d’abord en quadrillant bien le terrain afin de pouvoir récupérer, si possible, le ballon très haut. Presser haut, ça demande une dépense d'énergie mais pas seulement. Ça demande aussi de l'intelligence dans la faculté à réagir vite et de courir ensemble pour fermer les trajectoires de passes, empêcher l’adversaire d’avoir de la profondeur et lui laisser un minimum de temps pour relancer tranquillement. Si on n'est jamais à distance, on a beau avoir de bons joueurs, on récupère le ballon dans ses propres filets. »
Le concept de « bien courir » se prolonge ensuite quand on a le ballon : « A ce moment-là, bien courir signifie courir autour du porteur pour lui offrir des solutions, savoir faire des ‘’appels gratuits’’, c'est-à-dire en sachant que l'on ne sera pas toujours servi mais que cela va créer des espaces pour votre équipe car cela va attirer les défenseurs adverses vers vous. Le football, c'est avoir l'intelligence collective de bien se déplacer quand on a le ballon et quand on ne l’a pas, de courir intelligemment pour le récupérer. Après, bien sûr, qu'il faut de bons joueurs pour faire de bonnes passes pour marquer des buts, souligne-t-il. Voilà ma philosophie de base, mais ça dépend aussi des joueurs que tu as à ta disposition. Etre coach, c’est aussi savoir s’adapter. »

Un entraîneur formateur

Tout au long des 550 matchs qu'il a dirigés jusqu'ici sur le banc d'une équipe professionnelle, Michel Der Zakarian n'a jamais oublié le formateur qu'il était ce fameux soir de froid à Grammont. Il a lancé de nombreux jeunes joueurs parmi lesquels Benatia, Alessandrini, Brahimi, Chotard, Cozza ou Wahi pour ne citer qu’eux. Il connaît donc mieux que personne l'importance de cet enjeu : « La volonté pour un entraîneur, c'est toujours de faire progresser ses joueurs, quel que soit leur âge, que ce soit individuellement, au poste et collectivement aussi, explique-t-il. Il faut garder cette volonté de transmettre et que le joueur ait la volonté de sortir de chaque séance d'entraînement en ayant appris quelque chose. »
Quand on lui demande s'il est resté un formateur dans l’âme, sa réponse est d'ailleurs oui, sans hésiter : « Certains disent que je ne fais pas assez jouer les jeunes mais je ne vois pas la même chose. Il y a des jeunes que l'on fait jouer parce qu'on sent qu'ils peuvent tout de suite amener quelque chose à l'équipe. D'autres ont aussi cette possibilité mais ils ne sont juste pas encore prêts. Cela ne veut pas dire qu'ils n'y arriveront jamais, mais qu'il leur faut juste un peu plus de temps pour comprendre, progresser et avoir cette culture de la gagne. Il ne faut jamais dénigrer un gamin, il faut le laisser travailler et il doit surtout être à l'écoute. Aujourd'hui tout le monde est pressé de tout, on veut tout vite. Il n'y a pas de patience. Pour certains, c'est aussi leur entourage et leur milieu familial. La difficulté est également là. »

Son 550ème match et le métier d’entraîneur

Hasard du calendrier, Michel Der Zakarian a donc dirigé son 550e match en tant qu'entraîneur d'une équipe professionnelle lors d'un derby contre Nîmes. Un derby conclu par un partage des points (1-1), mais un match loin d’être nul : « Même si les Nîmois ont des situations et touchent la barre en première période, on a aussi trois ou quatre situations qu'on n’a pas su concrétiser. Il y a aussi la frappe d'Andy (Delort) sur la barre. Quand ils ont marqué, on a eu le mérite de revenir au score. Sur deux ou trois centres de grande qualité sur la fin, on aurait pu conclure, analyse-t-il. Nous aurions tous aimé offrir ce succès au club et à nos supporters qui ont répondu présents, notamment au départ du bus. Les joueurs ont tout donné pour y parvenir. C’est dommage de ne pas avoir gagné, mais c’est bien de garder l'invincibilité que l'on a actuellement (9 matches sans défaite). »


Mais au fait Michel, quel effet cela fait-il de se dire qu'on a atteint un tel chiffre ? : « Je ne le savais pas du tout. Je ne compte pas les matchs mais cela fait plaisir. Ça fait pas mal quand même », sourit-il. Le plus dur dans ce métier ? : « Je suis un gagneur, alors quand je perds, je suis infernal. Il y a des matchs que je termine en étant épuisé physiquement, même sur le banc. Chacun le vis différemment, moi j'ai horreur de la défaite. Je mets toujours deux ou trois jours pour m'en remettre. C'est assez basique de dire ça mais je suis heureux dans la victoire et triste dans la défaite. Le sentiment de victoire c'est une joie immense qu'il ne faut jamais sous-estimer ; le lendemain tu as le sentiment d'être paisible. En revanche, quand tu perds, quand tu fais des mauvaises séries, là tu es dans le dur. »
Un stress qui'il évacue chez lui, en famille – « ma femme a beaucoup de mérite, car quand je perds je suis assez difficile à vivre », reconnait-il – ou bien alors en faisant une activité physique : « Soit je vais courir, même si je cours moins qu'avant car j'ai souvent mal à ma cheville, soit je joue au golf pour me vider la tête », explique-t-il.


Recharger les batteries pour mieux repartir, c'est le secret. Prochaine étape dès ce dimanche avec la réception de Bordeaux à La Mosson  : « Une équipe qui a des hauts et des bas, comme toutes les équipes de Ligue 1 mais dont il faudra se méfier.»
C'est donc parti pour le 551ème match de sa carrière (son 150ème avec le MHSC), et certainement pas le dernier : « C'est bien de faire une bonne saison, de faire progresser ses joueurs et je suis un compétiteur et j'ai envie de gagner des matchs et de gagner des titres. Pour l'instant, j'ai fait 2 montées en Ligue 1, c'est pas mal mais j'aimerais bien gagner un titre et notamment une coupe, conclut-il. Je suis passionné par ce métier et j'espère que ça va durer encore un petit moment. Ensuite seulement ensuite, on pliera bagage et on s'occupera des petits-enfants mais je n'en suis pas encore là. » (sourire). La vocation d’entraîner et la gagne chevillées au corps. Ainsi est et sera toujours Michel Der Zakarian


 

A lire également

26avr2024

Équipe pro

Le dimanche 12 mai à 21h, le MHSC recevra l'AS Monaco pour le dernier match de la saison à domicile. L'occasion d'une très belle fête face à un des cadors du championnats  avec des places à partir de 8€. Ne manquez pas ça !
Lire la suite

05mai2024

Féminines

Arrivée au MHSC l’été dernier, la défenseuse centrale de 16 ans, fait partie de l’équipe de France U17 qui entame son championnat d’Europe ce dimanche en Suède face au pays hôte de la compétition. RencontreDu haut de son mètre 71,
Lire la suite

04mai2024