Jean-Pierre Kern : « Mettre le pied, ou parfois le coude ! » | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

Jean-Pierre Kern : « Mettre le pied, ou parfois le coude ! »

L'ancien attaquant du club (107 matchs, 35 buts entre 1981 et 1986) s'est livré à mhscfoot.com pour une interview souvenirs. Celui que la Butte appelait le « Taureau » aimait foncer dans le tas et il ne mâche toujours pas ses mots. Hein, Robert ?

Comment pourriez-vous résumer votre carrière avant La Paillade ?

J’étais très impressionné par les joueurs qu’il y avait ! Sarramagna, Trossero, Santini, Formici, Zorzetto, le grand Michel Mézy...

Avec des hauts et des bas. J’ai fait le centre de formation à Strasbourg, l’Entente Bagneaux Fontainebleau Nemours quand on avait été champions de D2 et qu’il y avait encore 2 divisions de 2ème division. Après, j’ai été pro à Besançon. J’en suis parti pour Rouen quand le club est monté en 1ère division puis au Red Star à Paris avec Roger Lemaire comme entraîneur. J’ai fait deux belles années à Béziers ensuite avec les derbys contre Montpellier. Au début de la 2nde saison, j’ai eu un problème avec l’entraîneur de l’époque et j’ai été sollicité par Sète pour y jouer le reste de l’année. C’est là que Loulou m’a contacté pour savoir si je voulais signer à Montpellier. J’y ai signé avec plaisir pour une saison. J’ai toujours voulu jouer à Montpellier et j’ai toujours aimé ce club, déjà pour le président dont j’aimais la manière d’aborder le football.

Que vous souvenez-vous de votre arrivée ?

J’étais très impressionné par les joueurs qu’il y avait ! Comme je jouais en D2 avec Béziers ou en CFA avec Sète, côtoyer alors les Sarramagna, Luizinho, le pauvre Trossero pour qui j’ai une pensée, Santini, Formici, Zorzetto, le grand Michel Mézy, Jean-Louis Gasset, Alain Hopquin pfff… je peux tous les citer ! Vraiment de bons joueurs pour le club de Montpellier à l’époque. Et puis, au centre de formation, il y avait « Lolo » Blanc, les petits frères Passi, Pascal Baills, Patrick Soria, Robin Huc, vraiment une bonne équipe de stagiaires qui ont par la suite réussi dans le club et même ailleurs où ils ont montré leur valeur.

Vous arrivez en D1 et c’est un échec pour le club qui fait l’ascenseur…

Kader Firoud était l’entraîneur, il se reposait plutôt sur des joueurs qui avaient du métier et plusieurs années de D1 dans leurs bagages. Il pensait se maintenir avec leur expérience. Mais après avoir mal démarré, il fallait faire confiance aux jeunes qui étaient talentueux en les mettant à tour de rôle dans l’équipe car ils auraient pu nous apporter leur jeunesse, leur fougue. Ca ne s’est pas fait, on est redescendu mais je pense que Loulou gardait l’intention de remonter au plus vite. C’était la première expérience pour le club en D1, en tout cas, ça lui en a donnée beaucoup, au président aussi. Il a monté un centre de formation sérieux, avec des gens sérieux comme Jacques Bonnet, beaucoup d’éducateurs et cela a payé plus tard.

Lors de cette première saison en D1, le président dit au groupe lors de la 38ème et dernière journée de championnat à Auxerre : « Ceux qui débuteront ce soir débuteront la saison prochaine. »

C’était moins technique, il fallait avoir du physique et foncer ! C’était le style à avoir à cette époque-là

Oui, oui. Comme je l’ai dit, le président avait beaucoup appris de cet échec car on avait fait des erreurs et je pense qu’il a su parfaitement rectifier le tir en 1982/83 avec des débuts plus marqués des jeunes. Mon rôle était un peu de les aguerrir car à cette époque-là il ne fallait quand même pas avoir froid aux yeux, il y avait de l’intimidation et comme ils faisaient leurs premiers pas à ce niveau il fallait être à côté d’eux, être solidaires avec eux, leur montrer qu’il ne faut pas perdre ses moyens parce qu’on est impressionné. C’était tout un contexte et cela s’est parfaitement déroulé. Je n’étais pas le seul à les encadrer, il y avait aussi des garçons comme Bernard Ducuing, José Pasqualetti ou Jean-Louis Gasset. On les a épaulés, c’était notre rôle.

La D2 des années 1980 ?

C’était vraiment une belle période, un bon club, des jeunes talentueux, une bonne ambiance et un bon président ! Voilà.

On vous appelait le taureau !

Je pense que c’était un peu mon style de jeu. J’étais à l’aile gauche ou à la droite, avant-centre, je frappais des deux pieds. C’était moins technique, il fallait avoir du physique et foncer ! C’était le style à avoir à cette époque-là. Et il y en avait qui n’hésitaient pas à mettre le pied, ou le coude parfois (rire) !

Un match, un but ?

Quand je suis arrivé au club, Kader avait son équipe en tête, je m’entraînais avec les jeunes au centre de formation, je n’avais même pas le droit d’être sur la photo officielle en début de saison. J’ai débuté en réserve, les 2-3 premiers résultats des pros étaient très mauvais et le président a dit à l’entraîneur : « Il faut faire rentrer Jean-Pierre ». On jouait Nancy, il me semble le dimanche après-midi, c’était mes premiers pas avec le club en D1. On mène 2-0 et je marque en percussion sur une balle en profondeur, c’est un bon souvenir. Après, le président m’a fait confiance mais cela ne nous a pas empêché de plonger en D2.

Peu de joueurs ont marqué un quadruplet avec le MHSC, vous faites parti des trois, vous en souvenez-vous ?

On était euphoriques, les jeunes, moi...  et j’étais bien dans ma peau

Oui. Je crois que c’était en D2 à La Mosson contre Villefranche. On avait gagné 7-2. On était euphoriques, les jeunes, moi et j’étais bien dans ma peau.

La Mosson ?

C’était un club, une ambiance, des supporters, un peu bruyants mais des vrais supporters, une bonne équipe dirigeante et une bonne camaraderie avec mes coéquipiers. On l’appelait la marmite du diable ? Oui, ou la Butte, car les supporters étaient très près du terrain et la petite tribune à côté des vestiaires était aussi très proche, une petite marmite, voilà. Ça mettait de l’ambiance et les vieux supporters étaient vraiment chauds, voire bouillants.

Qu’est-ce qu’il a manqué jusqu’à ce que vous partiez du club en 1986 pour que l’équipe réussisse à monter en D1 ?

Je pense qu’il manquait un peu de moyens financiers car il ne faut pas oublier que c’est Loulou Nicollin qui avait pratiquement financé avec ses propres deniers la montée et surtout le maintien en D2. Il manquait des partenaires. Cela aurait facilité la chose au président de pouvoir recruter un ou deux joueurs qui avaient la pointure pour faire monter l’équipe. Ce n’était pas un défaut, c’était comme cela.

Pouvez-vous nous parler des Blanc, Passi, Baills, Ferhaoui etc ?

 J’avais oublié Kader ! Très bon joueur, très vif. Bon, Laurent était impressionnant par sa technique, sa facilité dans le placement. Gérald était un technicien hors-pairs, Franck bon à l’arrière !

Un club atypique. Comment le président vous motivait-il ?

il était impératif que Montpellier soit le patron des derbys. Nicollin pouvait pardonner des choses, mais pour les derbys, il ne pardonnait pas beaucoup...

Vous connaissiez tous les réactions du président Nicollin. Il ne cherchait pas ses mots avec courtoisie, il appelait un chat, un chat, voilà. Il te disait exactement si tu avais été bon ou mauvais et on avait donc intérêt à écouter et à faire ce qu’il nous demandait (rire) !

Le public parlait de « l’équipe qui tousse » en lui et place du slogan de l’époque « Une équipe qui pousse »…

Oui, mais bon… On toussait bien sûr car il fallait former les joueurs, on en avait 7-8 de la finale Gambardella et il y a des moments où ça a toussé, c’est l’expérience qui rentrait ! Le terme « tousser » était exagéré car c’était une équipe qui poussait, et qui a bien poussée par la suite !

C’était aussi l’époque de nombreux derby dans la poule sud de D2…

Nîmes, Sète, Alès, Béziers… Là, le président nous disait carrément sa manière de penser. Il ne fallait absolument pas perdre un derby et il était impératif que le club de Montpellier soit le patron des derbys. Il fallait être présent le jour de ces matchs-là, il y tenait absolument. Il pouvait pardonner quelque-chose, mais pour les derbys, il ne pardonnait pas beaucoup.

Est-ce que l’un d’entre-eux vous revient à l’esprit ?

Oui, ceux face à Béziers et Nîmes. Souvent très dur à Béziers comme à Montpellier. Nîmes aussi car ils voulaient être le porte drapeau du football régional. Béziers et Montpellier n’ont jamais été des bons voisins. Voilà les deux derbys les plus durs et les plus difficiles, mais on les a presque tous gagnés, à part un à Nîmes en Coupe je pense. D’une manière générale, on a toujours été présent.

Un 4-4 face à Nîmes à la Mosson, ça vous parle ?

Non. Disons que pendant 2-3 mois j’avais été arrêté pour une pubalgie alors peut-être que je l’avais manqué celui-là.

Votre anecdote pailladine ?

Les deux meilleurs joueurs du MHSC : gégé bernardet et roger milla. C'était des phénomènes ! Ce sont mes copains

C’était à Alès en Coupe de France face au PSG. Robert Nouzaret était notre entraîneur. Dans la semaine précédant le match, avec Alex Zombori on lui avait proposé de mettre un système au point et il n’a pas apprécié qu’on parle de la compo d’équipe. On arrive à ce fameux 32ème de finale et le jour du match Alex est 13ème homme et moi le 14ème… Le match se déroule : 0-0 à la mi-temps, 0-0 à la fin du match, 1ère mi-temps de la prolongation 0-0 et on arrive à une ou deux minutes de la fin de la 2ème mi-temps de la prolongation et Robert voulait me faire entrer en jeu. Juste pour tirer un penalty. Je n’étais pas d’accord, j’ai pris mon maillot et je l’ai jeté vers lui en lui disant : « Tu veux tirer un penalty ? Tu mets le maillot et tu rentres. » C’est une anecdote qui a fait rire beaucoup de gens, même le président sur le moment, mais on a perdu aux penaltys 8-7 (rire) ! Et donc, à la fin de la saison, le président n’était pas très content et il a dit à Robert de partir tandis que moi j’ai re-signé un ou deux ans. Une belle anecdote, j’avais donc un petit peu de tempérament et de personnalité.

Le joueur qui vous a le plus marqué ?

Pas des joueurs avec qui j’ai joués. Les deux meilleures recrues que le club ait faites et les deux meilleurs joueurs que j’ai vus ce sont vraiment Gégé Bernardet et Roger Milla. C’était des phénomènes ! Bernardet a été extraordinaire quand il a joué à Montpellier, extraordinaire ! Roger, pareil, au niveau du jeu, du sens du jeu, de l’organisation, du sens du jeu… Les buts de Roger Milla, peu de joueurs sont capables de les mettre. Gégé, pour son travail au milieu de terrain et même sur ses coup-francs, il marquait aussi des buts, a toujours été présent. Ce sont mes copains.

Comment était Michel Mézy ?

Bien, bien, Michel. Très bon joueur, très lucide, une bonne analyse, bien avec les jeunes, beaucoup de roublardise, il sait dire les choses d’une certaine façon. Le président avait bien fait de le faire venir, il a beaucoup apporté au club et une certaine stabilité. Je l’ai connu joueur, entraîneur, il avait l’expérience d’une belle carrière de joueur. C’était tout à fait normal et logique qu’il passe sur le banc.

L’esprit « La Paillade » ?

Après les entraînements, on allait à la petite buvette – ce n’était pas le stade de maintenant, les supporters venaient nous rejoindre, on faisait des grillades, on partait en voiture avec les dirigeants. C’était vraiment un super club, et c’est toujours un super club ! Maintenant les objectifs sont différents, il y a beaucoup plus d’argent en jeu et on ne peut plus faire ce qu’on faisait dans les années 1980.

Vous étiez un peu les rois du système « D » à la Paillade…

J’étais bien dans mon époque mais bien sûr que j’envie les jeunes joueurs qui jouent actuellement

Voilà, avec une bande de dirigeants copains, de joueurs copains et des supporters copains, on était tous ensemble, mais comme je vous l’ai dit, il n’y avait pas autant d’intérêts en jeu. Désormais, il faut avoir des comportements différents, les enjeux sont autres et la manière de gérer un club est aussi différente par la force des choses.

Echangeriez-vous votre carrière des 80ies à La Paillade avec celle des années 2000 et d’un titre de champion de France ?

Bien sûr ! Je serais hypocrite si je vous disais le contraire. Bien sûr que oui. J’étais bien dans mon époque mais bien sûr que j’envie les jeunes joueurs qui jouent actuellement, ceux qui font une carrière sans avoir ni de souci matériel, ni de souci tout court. Bien sûr que je les envie.

Quel regard portez-vous sur le parcours du MHSC après votre passage au club ?

Je pensais qu’il pouvait faire de belles choses et je ne suis pas en train de faire le fayot. Je pense que le président a tout fait pour arriver où il est arrivé. Cela aurait été inconcevable qu’un président qui a mis pratiquement toute sa vie dans ce club reparte sans aucun trophée. La Coupe de France, le titre de champion, il les a largement mérités. Et même sans lui, cela n’est pas fini ! Avec les installations actuelles, avec les éducateurs présents, un coach qui connaît le football et des jeunes de talents, Montpellier rebondira à nouveau, peut-être jusqu’à la dernière marche du haut ! Pour moi, le MHSC fait partie des grands du championnat.

Vous dites-vous que vous faites partie de ceux qui ont posé quelques pierres à l’édifice ?

Et oui ! Bien sûr… mais c’est une toute petite pierre. Dans les années qui ont suivi mon passage ici, le club a su mettre de grosses pierres. J’en suis fier, bien sûr. Et on se revoit avec plaisir avec les anciens, les jeunes, les vieux… de temps en temps je vais chercher mon invitation auprès de Bruno Carotti pour aller voir un match. On rigole, on se chambre un peu parce qu’on a pris des kilos, des rides ou perdu des cheveux… La camaraderie n’a pas changé, il n’y a que l’âge qui change.

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