Dimitry Bertaud, l’accent montpelliérain des Bleuets

L'équipe de France Espoirs débute ce jeudi (21h), la phase de groupe de son championnat d'Europe par une confrontation face au Danemark. Parmi les 23 tricolores retenus figure le jeune gardien montpelliérain (22 ans). Avant son départ en Hongrie où se déroule cette compétition, ce dernier est revenu sur son parcours, ses aspirations, son attachement au club et bien évidemment ce rendez-vous international très attendu.

Hasard ou clin d’œil du destin, il porte souvent un maillot bleu lors de ses dernières apparitions avec le MHSC. D’un bleu à l’autre, il n’y a donc qu’un pas que Dimitry Bertaud va franchir durant cette semaine internationale puisqu’il fait partie des 23 joueurs retenus par le sélectionneur de l'équipe de France Espoirs, Sylvain Ripoll, pour participer à la phase de poule du championnat d'Europe qui débute ce jeudi en Hongrie. « Ce sont mes amis qui me l'ont appris lundi dernier (le 15 mars, NDLR), lorsque la liste est sortie, explique le jeune portier montpelliérain. Je ne vais pas dire que je m'y attendais, mais je l'espérais. Je suis forcément très heureux de faire partie de cette aventure, pour moi, pour ma famille, pour mes amis, pour le club. C'est une fierté de représenter la France. »

Cette sélection chez les Bleuets pour cette grande compétition internationale est l'occasion idéale pour revenir sur le parcours du jeune gardien, originaire de Castries où il a grandi, et qui a rejoint le centre de formation du club montpelliérain, il y a une décennie, alors qu'il était âgé de 13 ans. « Le MHSC est un club à part pour moi, reconnaît ce fils d’un père cadre dans une entreprise de métallurgie et d’une mère pharmacienne. Le club possède un très bon centre de formation, avec de très belles infrastructures, de très bons éducateurs et tout y est fait pour que nous soyons bien. Ma formation s'est très bien passée et j'y ai vécu de très belles années.» Le point d'orgue de cette période a sans doute été le 27 mai 2017, lorsqu'il a soulevé la Coupe Gambardella après le succès en finale au stade de France face à l’OM. S'il n'a pas arrêté de tirs au but durant la séance (1-1 à la fin du temps règlementaire), Dimitry a en revanche touché trois tentatives marseillaises ; suffisamment pour faire douter le dernier tireur olympien qui a frappé à côté : « C'était un moment très fort, se souvient-il. Nous étions une bande d'amis et atteindre cet objectif de gagner cette coupe était un moment magnifique. »

Gardien de but très explosif, avec une bonne faculté de commandement, Dimitry a toujours été surclassé dans les équipes de jeunes du MHSC, disputant même son 1^er match avec l'équipe réserve, alors qu'il n'avait que 16 ans. Cet admirateur de Steve Mandanda « pour la qualité de ses performances et sa faculté à durer au haut niveau » a connu ses premières apparitions en pro le 24 octobre 2017 lors d’une qualification à Guingamp en Coupe de la Ligue avant d’enchaîner durant cette même année par deux autres matchs dans cette compétition puis un autre en Coupe de France.

Il lui a en revanche fallu attendre un peu plus longtemps pour connaître sa première titularisation en Ligue 1. C'était lors d'un déplacement à Rennes le 20 janvier 2019 (0-0) « Cela s'était très bien passé puisque nous n'avions pas pris de but. J’avais quand même eu un peu chaud puisqu’Hatem Ben Arfa avait touché deux fois le poteau, sourit Dimitry. J'ai eu quelques arrêts à faire mais je n'ai pas ressenti de pression particulière. Mes équipiers étaient là pour moi, ils m'ont félicité à la fin du match et semblaient heureux pour moi. » Un peu plus de 2 ans plus tard, Dimitry se souvient de cette première dans l’élite comme si c’était hier : « Ça faisait forcément bizarre. Le stade était grand, rempli, il faisait beau, la pelouse était magnifique. Toutes les conditions étaient réunies pour faire un bon match et se régaler, et ça avait été le cas. »

La suite fut faite de quelques apparitions et d'un apprentissage dans l'ombre successivement de Benjamin Lecomte, Geronimo Rulli puis désormais Jonas Omlin, mais surtout d'un travail quotidien aux côtés de ces gardiens ainsi que de leur entraîneur, l’expérimenté Teddy Richert : « Teddy me parle au quotidien, il me conseille beaucoup, nous avons une très bonne relation, explique ‘’Dim’’. Nous avons un super groupe de gardiens au sein duquel nous nous entendons tous très bien. »

Ce travail au quotidien a fini par porter ses fruits. Expulsé au Parc des Princes la saison dernière après une sortie prématurée en voulant sans doute trop bien faire au devant de Kylian Mbappé, Dimitry a semble-t-il appris à se canaliser : « J'ai eu envie de jouer le premier ballon à fond et ce n'était sans doute pas la bonne solution, analyse-t-il au moment de revenir sur cet épisode. J'essaie d'apprendre de mes erreurs, de prendre en maturité et de rester calme sur le terrain. Ce jour-là, j'étais très déçu pour l'équipe et pour moi car c'était l'occasion de se montrer quelque part mais j'en suis sorti grandi. Le poste de gardien est fait d'expériences et d'erreurs aussi. Il faut savoir apprendre des moments difficiles et surtout s’en relever. »

Après avoir assuré un bon intérim de deux matchs sans but encaissé lors des déplacements à Saint-Étienne et Bordeaux cette saison, Dimitry a retrouvé le Parc des Princes en entrant en jeu après l'expulsion de Jonas Omlin face au même Kylian Mbappé le 4 décembre dernier. « Avant ces deux matchs contre Saint-Étienne et Bordeaux, nous n'étions pas très bien et nous avions réussi à enchaîner 2 belles victoires, ce qui a enclenché une belle série derrière, se souvient Dimitri Bertaud. Ce n'était que bénéfique pour le groupe pour moi. Il est vrai que la situation n'était pas facile à l'époque mais au poste de gardien on aime les choses difficiles quelque part ! (sourire). Teddy Richert nous dit d'ailleurs souvent que quand l'équipe n'est pas bien, il faut que nous, les gardiens, nous soyons bien. »

Homme calme et assez réservé hors du terrain, très sportif aussi – « J'aime bien le tennis, je me suis mis à la natation aussi. J'aime me dépenser et passer du temps avec mes amis », dit-il – le n°16 montpelliérain semble avoir franchi un cap cette saison : « Jusqu'ici, c'est l'année où j'ai le plus joué et, en plus, ça s’est bien passé, avoue-t-il. Je pense avoir pris en expérience, en maturité, même s’il est certain que je dois encore progresser dans tous les secteurs. De toute façon, dans la vie, même ce que tu fais de bien, il faut toujours penser à l'améliorer. »

Une chose est sûre, ses performances en club ont sans doute pesé au moment où Sylvain Ripoll a couché son nom sur la liste des 23 joueurs tricolores retenus pour disputer la phase de groupe du championnat d'Europe espoirs qui débute cette semaine. International dans toutes les catégories de jeunes (U16, U17, U18 et U20), Dimitry est régulièrement appelé en équipe de France Espoirs depuis quelques saisons et a même disputé un match avec cette équipe contre la République Tchèque (3-1, photo ci dessous crédit FFF), le 9 septembre 2019. « Nous avions gagné, c'était un très bon souvenir », raconte-t-il.

Désormais, c'est donc cet Euro qui se profile où la France semble avoir une très belle carte à jouer avec un effectif 5 étoiles où figurent notamment Camavinga, Koundé, Kamara, Edouard ou Gouiri. « Nous avons une très belle équipe avec des joueurs très prometteurs dont certains jouent déjà la Ligue des champions ou ont déjà été appelés en équipe de France A, explique le gardien montpelliérain. Je pense que nous avons quelque chose à faire dans cet Euro. Ce sera à nous d'être sérieux, de mettre les ingrédients qu'il faut et de rester bien en équipe. » S'il ne sait pas encore quelle sera sa place dans la hiérarchie des portiers des Bleuets tant la concurrence est rude avec le gardien titulaire du FC Nantes Alban Lafont et celui du Leeds de Marcelo Bielsa, Ilan Meslier, Dimitry Bertaud espère avant tout vivre une belle aventure sur le plan collectif : « Quand tu entends l'hymne national, quand tu portes ce maillot, c'est vraiment quelque chose de fort. En plus, la France fait partie des grandes nations donc toutes les équipes veulent te battre et il faut répondre présent à chaque fois, explique-t-il. C'est un contexte différent de celui du club mais j'y apprends également beaucoup et j'ai vraiment hâte d'y être. » Pour passer ce premier tour, les Espoirs tricolores devront terminer parmi les deux premiers de leur groupe où figurent le Danemark, la Russie et l’Islande. « Nos adversaires sont des équipes plutôt physiques donc on sait qu'il va falloir répondre dans ce secteur là, mais pas seulement, analyse Dimitry. L'objectif est évidemment de sortir de ce groupe de se qualifier. »

Du bleu du MHSC au bleu de France, il n'y a donc qu’un pas que Dimitry s'apprête à franchir avec plaisir mais sans oublier d'où il vient : « Porter le maillot équipe de France, c'est une fierté, tout le monde en rêve. On sait qu'on est chanceux de représenter son pays, conclut-il. Je suis né à Montpellier, je suis au club depuis 10 ans donc c'est vraiment un plaisir et une fierté de pouvoir représenter le MSC dans ce championnat d'Europe Espoirs. C'est quelque chose de très gratifiant. » L'ensemble du MHSC est derrière toi Dimitry !