Buteur face à l’OM il y a 15 jours, l’ancien Ajaccien, arrivé cet été au MHSC, prend ses marques de semaine en semaine et ses performances s’en ressentent. Portrait d’un homme aussi talentueux que discret.
Portrait L1
IL FAIT PARTIE de ce type de joueur aussi précieux que discret, capable de jouer à tous les postes du milieu de terrain, du côté à l’axe en passant par une position défensive ou de relayeur, sans pour autant que cela se ressente sur ses performances et celles de son équipe. Une polyvalence aussi utile qu’importante qui fait souvent la force d’un joueur mais qui, surtout à ce poste réputé pour être celui des travailleurs de l’ombre, ne rime pas forcément avec mise en lumière.
Cette mise en lumière, Paul Lasne l’a brusquement vécue il y a quinze jours lors du succès face à l’OM à La Mosson. Auteur du 2e but héraultais (son premier sous les couleurs du MHSC), le n°17 montpelliérain arrivé à l’intersaison a réalisé ce soir-là une prestation pleine à tous les niveaux. Voilà qui méritait bien un petit coup de projecteur.
Né à Saint-Cloud, Paul a passé toute son enfance en banlieue parisienne où il évoluait au club de Boulogne-Billancourt. « Un jour, mon père a vu une annonce dans un magazine disant que les Girondins de Bordeaux organisaient une détection en banlieue parisienne pendant les vacances de Noël, se souvient-il. J’y suis allé et j’ai été détecté. Ensuite, j’ai visité les installations avec Guy Hillion qui était recruteur en chef à l’époque et je suis parti en Gironde à l’âge de 13 ans ».
Au Haillan, Paul a franchi toutes les étapes de la formation Marine et Blanche. Membre de la génération 1989 où figuraient notamment Grégory Sertic (l’actuel capitaine bordelais), Christopher Glombard (Reims) ou Gabriel Obertan (Newcastle), il y a grandi footballistiquement et humainement. « Je garde de merveilleux souvenirs de cette période, reconnaît-il. On avait de très bons résultats en championnat mais aussi en Coupe Gambardella où on avait atteint la finale en 2008 (défaite face au Stade Rennais NDLR). Il y avait une très bonne entente entre nous. En plus, Bordeaux est une ville agréable où il fait bon vivre » De belles années de formation à l’issue desquelles Paul Lasne a signé un premier contrat professionnel, mais sans jamais avoir sa chance en équipe première. « Je suis arrivé dans un contexte où Bordeaux venait d’être sacré champion de France, en 2009, explique-t-il. Pendant 6 mois je me suis entraîné avec le groupe professionnel mais l’équipe avait de super résultats et je n’ai pas eu la chance de jouer, alors, Laurent Blanc m’a fait comprendre que c’était mieux si je pouvais être prêté. » S’en suivent six mois de prêt à Châteauroux, en L2… Puis, à son retour en Gironde, si l’entraîneur a changé (Jean Tigana succédant à Laurent Blanc), le discours est identique. « J’ai fait toute la préparation mais le nouveau coach m’a dit qu’il ne comptait pas sur moi et que si je pouvais trouver ailleurs ce serait mieux.» C’est alors qu’est arrivée la proposition de prêt de l’AC Ajaccio, en L2. « Trois jours après, j’étais sur l’île, se souvient le nouveau milieu de terrain montpelliérain. Je ne savais pas trop où je mettais les pieds, j’étais dos au mur et finalement ça a été une super aventure un peu ma résurrection. » En Corse, Paul Lasne trouve enfin sa pleine mesure. Il réalise une saison pleine et participe à la montée du club insulaire aux côté d’un autre montpelliérain, le préparateur physique Stéphane Paganelli. « C’était une superbe aventure, avoue-t-il. Je débarquais tout seul en Corse dans l’inconnue totale, il s’est créé quelque chose avec cette équipe et nous avons réussi à décrocher cette montée en L1 très inattendue. »
Son prêt à Ajaccio terminé en fin de saison, il reste pourtant sur l’île de beauté et paraphe un contrat de 3 ans avec l’ACA. Maillon essentiel du dispositif corse, il participe activement au maintien du club insulaire durant deux saisons consécutives, le premier acquis en 2012 à l’issue d’une remontée fantastique puisque le club n’avait que 9 points au bout de 17 journées. En revanche, après avoir à nouveau décroché le maintien en 2013, le club a été relégué en Ligue 2 au printemps dernier. « Ça a été une saison très difficile à vivre car quand tu descends il y a une incidence pour le budget pour la vie du club et les gens qui y travaillent ce n’est pas évident, poursuit Paul Lasne. Même quand on savait qu’on était condamné il fallait faire honneur au maillot qu’on portait, au public et se battre pour sauver ce qui pouvait l’être »
A l’intersaison Paul Lasne s’est lancé un nouveau défi en rejoignant le MHSC. « J’ai senti une vraie confiance de la part de Montpellier qui souhaitait réellement me faire venir, raconte-t-il. J’étais certain que c’était un bon club sain avec une mentalité saine et assez familiale, ce qui me correspond. C’est agréable d’évoluer dans ce contexte. Je suis très satisfait d’être ici. » Aligné à 18 reprises toutes compétitions confondues par Rolland Courbis, le n°17 montpelliérain apparaît comme un joueur élégant capable d’évoluer à tous les postes du milieu de terrain. Si sa taille et son impact physique lui permettent d’être à l’aise à un poste de demi défensif, sa technique, sa qualité de passe, sa vision du jeu et même ses qualités de percussion lui permettent d’évoluer un cran plus haut dans un registre de relayeur, voir même sur un côté. Une polyvalence qui fait de cet homme discret hors du terrain qui a fêté ses 26 ans il y a un peu moins de 10 jours un des éléments de plus en plus importants du club montpelliérain. Un anniversaire que Paul avait fêté de la plus belle des manières en inscrivant son premier but sous les couleurs montpelliéraines quelques jours auparavant contre l’OM. « C’était un match spécial avec le retour à la Mosson et cette ferveur particulière qui y règne, reconnaît-il, et puis on ne peut pas ne pas évoquer tout ce qui s’est passé de tragique ces derniers jours. C’était une atmosphère particulière et gagner et marquer le but du break, mon premier avec Montpellier est évidement un souvenir qui restera gravé dans ma mémoire. »
Un succès de prestige que les Montpelliérains ont fait fructifier la semaine passée en allant s’imposer à Metz (3-2). Ce soir face à Nantes, ils tenteront de viser la passe de trois. « Ce sera un match compliqué face à une équipe solide ; quoi qu’il en soit, il faut tout donner pour essayer d’être intraitables à domicile », conclut-il. « A titre personnel, je fais tout pour progresser et être le plus performant possible ». Une dernière phrase qui résume bien le personnage : Travailleur, discret et efficace. Une mentalité exemplaire qui fait (déjà) le bonheur du club montpelliérain.
Paul LASNE en bref
Français.Né le 16 janvier 1989 à Saint-Cloud. 1m86. 79 kg. Poste : Milieu de terrain. Parcours : Girondins de Bordeaux (formation puis jusqu’en 2009), Châteauroux (L2, prêt janv.-juin. 2010), AC Ajaccio (L2 puis L1 2010-2014), MHSC (depuis juin 2014). Cette saison : 18 matchs (dont 16 en L1), un but
