L’attaquante haïtienne de 20 ans voit son temps de jeu s’épaissir ces dernières semaines. Peu à peu, à force de travail, l’espoir tend à éclore.
La pluie qui inonde les terrains de Grammont en ce mercredi a eu raison de la séance matinale des joueuses de Frédéric Mendy… Mais pas du sourire de Nérilia Mondésir. Le changement est pourtant radical. Il y a quelques jours, la jeune attaquante de 20 ans a disputé et remporté à Porto-Rico avec sa sélection nationale d’Haïti, 2 matchs de qualification en vue des prochains Jeux Olympiques. « Il nous reste la phase finale à disputer en mars prochain, explique la capitaine haïtienne. Jouer les JO de Tokyo cet été est un rêve et j’espère qu’il deviendra réalité. Si nous y allons, je suis certaine que cela nous apportera beaucoup et nous permettra d’apprendre. J’ai participé à une Coupe du Monde U20 avec mon pays (en 2018). C’était déjà un truc de fou et ce serait sans doute encore plus fort de disputer les Jeux ou un Coupe du Monde séniors. Nous ne sommes pas parvenues à nous qualifier lors de la dernière édition en France cet été mais je suis persuadée que, dans l’avenir, nous pourrons y parvenir. »
Véritable ambassadrice du football féminin dans son pays, Nérilia a débarqué Montpellier en janvier 2017 avec un tout autre statut : celui de grand espoir, de diamant brut à polir, capable de faire de grandes différences individuelles par sa vitesse et sa qualité de dribbles, mais qui devait encore s’adapter aux spécificités du jeu européen. « Au départ, c’était forcément un sacré défi. Il fallait s’habituer à un nouveau pays, à de nouvelles coutumes, au froid aussi, ainsi qu’à la langue car je comprenais le français mais j’avais du mal à m’exprimer pour répondre, explique celle qui a troqué le n°19 cet été (le premier numéro de son idole, Messi au Barça), pour le 11 de son autre joueur référence, Neymar. Mais les filles ont été très accueillantes avec moi. Elles ont tout fait pour faciliter mon intégration. Que ce soit la ville, les filles, le club, le staff, je me régale ici. »
D’abord venue renforcer l’équipe U19 du MHSC, elle a ensuite grappillé du temps de jeu en équipe première et semble aujourd’hui prête à franchir un palier. Apparue lors des 6 premiers matchs de la saison, elle compte déjà 4 titularisations, elle qui était jusqu'ici plutôt habituée au rôle de joker. « Au départ, j’étais à la fois en U19 et en D1. Quand tu es entre deux équipes, ce n’est pas évident. Depuis l’année dernière, je ne peux jouer qu’en D1 et je me sens donc pleinement joueuse de cette équipe ce qui amène forcément plus de confiance », souligne-t-elle. « En plus, quand tu débutes les matchs, c’est forcément différent que quand tu rentres. Tu sais que, si tu n’es pas bonne durant la première mi-temps, c’est toi qui peux sortir, mais, d’un autre côté, être titulaire montre que tu as la confiance du coach. J’apprécie de ressentir cette confiance de sa part et j’essaie de la lui rendre du mieux possible sur le terrain. » Si elle n’a pas encore marqué, Nérilia agrandit peu à peu son influence au sein de l’équipe montpelliéraine et son analyse du début de saison n’en prend que plus de poids. « Collectivement, je pense que nous avons fait des bonnes choses. La cohésion de l’équipe est positive, ce qui aide beaucoup. Le coach et le staff nous guident au quotidien et je pense que nous allons faire de bonnes choses cette année, analyse-t-elle. Bien sûr, nous avons lâché des points contre Bordeaux et Soyaux mais je pense que nous avons appris de nos erreurs et nous allons essayer de ne pas les répéter lors des matchs qui se profilent car notre effectif est vraiment de qualité. » Un effectif fortement renouvelé et rajeuni à l’intersaison, ce qui n’inspire pas pour autant d’inquiétude à la n°11 montpelliéraine. « Il y a vraiment de la qualité dans cette équipe. Même s'il a été rajeuni, notre effectif compte bon nombre de joueuses qui sont titulaires en sélection, donc, qui ont une certaine expérience. Ça nous apporte beaucoup notamment pour guider les jeunes. »
Prochaine étape ce samedi (14h30) avec un déplacement sur la pelouse du Paris FC. Une confrontation traditionnellement accrochée avec beaucoup de duels « mais j’aime bien ça, sourit Nérilia Mondésir. Je pense que ça fait partie de mes points forts, tout comme la vitesse. Quand on joue dans une équipe comme Haïti on a envie d’aller chercher le plus loin possible pour apprendre et ces matchs-là font partie de cet apprentissage même s’ils sont difficiles. C’est pour ça qu’on joue au foot. Les matchs les plus durs on a envie de les gagner et je suis habituée à ça parce que, quand je joue avec mon pays, c’est constamment ça ». Son objectif cette année ? « J’ai vraiment envie de faire une bonne saison et je pense que nous avons un bon staff est une belle équipe pour y parvenir collectivement, répond-t-elle. Sur un plan plus personnel, je pense avoir surtout progressé au niveau du mental. Je travaille beaucoup pour être titulaire plus régulièrement, marquer des buts et faire gagner l’équipe. » Comme avec sa sélection d’Haïti en fait…. « La sélection et le club sont deux choses différentes, conclut-elle. En sélection, je suis la capitaine, ce qui amène forcément plus de responsabilités. Ici, j’en ai évidemment aussi car porter ce maillot du MHSC est une responsabilité importante mais c’est forcément différent. » Si elle continue dans cette voie, Nérilia Mondésir est sans doute appelée à en prendre aussi de plus en plus en orange et bleu...
