Homme clé du renouveau montpelliérain en tant que joueur, le jeune technicien (40 ans), débute ce week-end un nouveau chapitre de sa carrière en tant qu’entraîneur de l’équipe réserve. Un défi qu’il aborde avec calme, détermination et simplicité. A son image en somme
On l’avait quitté un soir de mai 2013, crampons aux pieds pour une ultime apparition en pro sur la pelouse du Stadium de Toulouse. Avec lui, un symbole fort du renouveau montpelliérain avait quitté la scène. Arrivé l’année du retour pailladin parmi l’élite (2009-2010), l’ancien Sochalien avait contribué à l’âge d’or du MHSC moderne, menant le club à la 5e place dès la première année puis en finale de Coupe de la Ligue (2011), au titre de Champion de France (2012) puis en Ligue des Champions l’année suivante. Cheveux au vent, Copa Mundial aux pieds, ce milieu de terrain défensif surnommé « la machine à laver » pour sa capacité à rendre propre même les ballons les plus pourris, incarnait parfaitement le footballeur à l’ancienne : pro, discret, leader naturel sans avoir besoin d’élever la voix et pour qui les gens qui vous suivent dans un vestiaire comptent bien plus que les followers qui vous suivent sur Twitter.
Rien de surprenant donc à ce que Romain Pitau, en charge de l’équipe réserve du club depuis cet été se soit destiné à une carrière d’entraîneur. Et pourtant : « Quand je me suis retrouvé en fin de contrat, les dirigeants du MHSC m’ont proposé de prendre en main les U14, explique-t-il. J'avais des opportunités de poursuivre ma carrière de joueur mais je me sentais bien au MHSC et j'avais envie de m'investir pour transmettre aux jeunes ce que j'avais appris. Ça s’est donc fait naturellement mais de-là à dire que cela allez me plaire, je ne le savais pas du tout. J’ai bien accroché et aujourd’hui je prends beaucoup de plaisir dans ce nouveau rôle. »
En charge des U14 depuis 4 ans, Romain y a fait ses armes de technicien avec passion et discrétion. «En quittant le monde professionnel pour arriver chez les jeunes qui ont beaucoup de choses à apprendre, j’ai du être capable de m'adapter à leur jeune âge tout en gardant un degré d'exigence, détaille-t-il. Il y a beaucoup de choses à mettre en place mais j’ai eu la chance d’être bien épaulé par les éducateurs du Centre de Formation qui m’ont guidé dans cette nouvelle mission. Je retiens également que pour faire ce job, il faut beaucoup de passion, de la patience aussi car les garçons sont en formation.»
Une nouvelle expérience qui a pris une autre dimension cet été avec sa nomination à la tête de la réserve. Un « grand saut » et un nouveau défi dont il se dit « très heureux » et qu’il aborde avec passion, sérénité et sans crainte. « Dans un club comme le MHSC, le rôle de chaque éducateur est important pour la formation et le développement du joueur tu es dans un fil conducteur pour les amener au plus haut niveau, explique-t-il. Chacun à son échelle amène sa pierre à l'édifice quel que soit la catégorie. » L’ancien niçois et sochalien ajoute tout de même : « C'est vrai que le rôle d'entraîneur de la réserve est un poste plus en lumière au sein de la formation car l’équipe réserve reste la vitrine de ton centre et aussi la dernière marche avant le passage chez les professionnels. Ce nouveau défi ne m’effraie pas, il m’enchante et le discours avec mes joueurs se rapproche un peu plus de ce que j’ai connu durant ma carrière ».
De Daniel Leclercq à René Girard en passant par Gernot Rohr ou Guy Lacombe, ce double champion de France (1998 avec Lens, 2012 avec Montpellier) a côtoyé de nombreux entraîneurs durant sa carrière. Et le recul dont il faisait preuve au moment d’analyser une situation en interview lorsqu’il était joueur, laissait entrevoir sa volonté de se forger sa propre philosophie de technicien. « J'ai eu la chance de côtoyer de nombreux entraîneurs. Chacun avait des caractéristiques différentes : certains plus axés sur la tactique, d’autres sur l’aspect défensif ou la gestion humaine. Mon rôle aujourd'hui c'est d’arriver à retenir le meilleur de chacun pour essayer d'apporter le plus possible aux jeunes. »
Côté, jeu, le natif de Douai, qui avait la réputation de sortir les ballons proprement avoue : « Nous aurons une équipe joueuse car cela fait partie de la philosophie du club mais en gardant un certain équilibre et en étant très disciplinés. » Côté objectifs « Ce serait bien de pouvoir jouer à l'échelon supérieur. On va tout faire pour remonter en National 2 (ex-CFA) la tâche ne sera pas facile car notre groupe est jeune et d’autres équipes ont également ce souhait mais l’objectif est réalisable. Il faut y parvenir non seulement pour les jeunes mais aussi pour que les pros qui redescendent jouer avec nous ressentent moins l’écart de niveau. » Dans un championnat devenu 100% occitanien en raison de la réforme territoriale, Romain Pitau sait qu’il va devoir « disputer de nombreux derbys ce qui est très formateur » et il sait son équipe capable de relever ce défi. « C'est un groupe assez homogène avec beaucoup de qualités et surtout bosseur. Ils ont fait un très beau parcours en Gambardella l’an passé et ils savent qu’ils doivent continuer à travailler et être rigoureux, explique-t-il. Mon expérience personnelle m’a montré qu’on n’avait jamais rien sans rien. Le talent seul ne suffit pas, il faut y associer le travail, mon discours ira dans ce sens prévient-il. Les garçons devront aussi s'adapter au fait de ne plus jouer contre des joueurs de leur catégorie d'âge mais contre des adultes… je serai là pour les guider et les aider à acquérir cette expérience. Nous avons bien travaillé depuis le début de la préparation avec le staff, désormais la compétition se profile. C'est un beau challenge. » Première étape ce samedi (18h à Grammont) contre Toulouse Rodéo…
