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Les yeux de l’ombre

Depuis plusieurs saisons, la vidéo prend de plus en plus de place dans le monde du foot. Mais derrière l’écran, pour faire parler ces images il y a des hommes.  Voyage au pays des analystes.

Le football est un monde d’images diront les mauvaises langues. Mais ici, pas question de bling-bling mais d’images au sens noble, celles qui montrent, qui expliquent… car « ce qui se voit ne peut pas se cacher » comme dirait un certain Michel Mézy. Voir, analyser, comprendre et faire parler l’image, voilà le rôle des analystes vidéo. Ceux du MHSC s’appellent Jonathan Llorente et Olivier Renard. Le premier (36 ans), ancien joueur de Perpignan et Lattes notamment, a évolué jusqu’en DH au poste d’attaquant avec, en prime, une année à s’entraîner avec la réserve du MHSC dirigée alors par le duo Thierry Laurey et Pascal Baills. Les puristes de La Paillade se souviendront aussi d’un Llorente (Mickaël, son frère), qui a disputé quelques matchs en D1 avec le club pailladin au milieu des années 2000. « Je suis allé jusqu’en maîtrise éducation et motricité à la fac de sport puis j’ai enseigné l’éducation physique, explique-t-il. Dans le même temps, j’ai toujours aimé entraîner et j’ai d’ailleurs passé mes diplômes de coach. Même quand je jouais, j’ai toujours essayé de comprendre comment le coach fonctionnait », détaille  Jonathan. Ancien entraîneur des U19 nationaux de l’AS Lattes, il a ensuite presque naturellement basculé dans l’analyse vidéo « J’étais en collocation avec Nicolas Jover (ancien analyste vidéo du MHSC) et, en 2013, il m’a proposé d’intégrer le club montpelliérain. »  Son acolyte, Olivier Renard (26 ans) a lui aussi évoluer jusqu’en DH à Agde comme défenseur central avant d’arrêter assez tôt pour se consacrer à ses études. « J’avais joué en séniors avec Nicolas Jover et le domaine de l’analyse vidéo dans le foot m’a toujours passionné. Il m’a permis de rentrer en stage  ici et finalement, je suis resté. »

Rendre visible l'invisible

Au premier abord, quand on pense analyste vidéo, on pense étude de l’adversaire. « Chercher la faille est passionnant même s’il n’y en a pas toujours, sourit Jonathan, mais le travail sur l’équipe est aussi passionant ; donner des infos au staff, à ton propre joueur, corriger certaines choses...» « Ce qui me fascine dans ce métier, c’est d’essayer de faire sortir des tendances, de rendre visible l’invisible, c’est-à-dire rendre des images parlantes par des compilations d’images, des montages ou des statistiques, poursuit Olivier. De loin, on peut penser que c’est rébarbatif, mais chaque compilation, chaque match est différent. Il n’y a pas de routine, on ne s’ennuie jamais. »

chaque coach est différent

S’ennuyer, ils n’en ont pas vraiment le temps. Il faut dire que la semaine est assez rythmée. Le jour du match, c’est découpage de la vidéo en direct par type d’action et de situation, tout en préparant un mini rapport statistique que le coach doit avoir à sa disposition à la mi-temps et à la fin du match. Le lundi, place au retour sur la prestation collective avec une vidéo qui est animée par le coach auprès des joueurs… Et les jours suivants, place à la préparation du match qui vient, Jonathan se focalisant plus sur l’adversaire – « Je regarde en moyenne les 6 derniers matchs de nos adversaires » – tandis qu’Olivier est plus axé sur le jeu montpelliérain et sur l’attitude des gardiens de buts. Dans les deux cas, la relation avec le staff technique au sens large est primordiale. « C’est là que le côté humain intervient, reprend Olivier. Le but premier, c’est d’aider le coach et le staff. Mieux on connait le coach, sa façon de jouer et de voir le foot, plus c’est facile pour nous d’anticiper, d’être plus réactif. » « La communication fait aussi partie de notre travail, relève Jonathan Llorente. On doit faire passer des infos à l’ensemble du staff. Cela nécessite aussi de s’adapter par rapport aux personnes avec lesquelles on est amené à travailler que ce soit les adjoints, le coach principal, le médecin, le kiné, le préparateur physique… Nous ne sommes pas seuls derrière notre écran et c’est ce qui fait la richesse de notre profession. »

Métier à la rigueur parfois scientifique, l’analyse vidéo n’échappe donc pas à l’aspect humain ; parce que le foot est fait par les Hommes et que chaque homme a sa vision du foot. « Chaque entraîneur a sa manière de travailler. Quand un aimait regarder les matchs avec nous en nous disant de sélectionner telle ou telle image pour montrer l’aspect qu’il voulait mettre en avant, l’autre arrivait le matin et nous donnait une feuille avec les images qu’il voulait voir et les aspects sur lesquels il voulait travailler. Michel Der Zakarian, lui est complètement différent, explique Jonathan. D’entrée il nous a fait travailler sur le projet de jeu de l’équipe, nous a expliqué les principes qu’il voulait mettre en place et c’est à nous de chercher des images qui correspondent à ce qu’il veut mettre en place. » D’où sa présence au plus près de l’équipe « Assister aux causeries me permet de connaître les consignes, donc lorsque je découpe les séquences vidéos en direct, je gagne du temps pour comprendre ce qui n’a pas correspondu à ce qu’il souhaitait. »

 

être curieux pour trouver ce qui va apporter un plus au staff

Souvent penchés sur leur écran, ils sont les parfaits témoins de l’évolution technologique qui entoure le monde du foot et spécifiquement celui de l’analyse vidéo. « C’est certain qu’il faut être ouvert. Notre métier évolue tous les jours. Il faut constamment être curieux pour trouver ce qui va apporter un plus au staff tout en faisant le tri de ce qui est réellement utile car les possibilités sont multiples, souligne Olivier. La clé pour moi, c’est la simplicité. Il faut rendre tout notre travail visuel et presque ludique pour faire parler les statistiques par exemple, sinon votre interlocuteur va décrocher. Il faut savoir sortir les bonnes stats et qu’elles soient au service de la performance. En un coup d’œil, le staff doit se dire : ‘‘ça c’est intéressant, on va essayer de travailler là-dessus’’. » « Il faut de la réactivité, traiter l’info le plus vite possible pour qu’elle soit à disposition du staff, reprend Jonathan. Après chaque match on sort énormément de données mais à la fin, le staff ne doit recevoir que les plus parlantes pour vite se projeter et avancer. » Une chose est certaine, la vidéo prend de plus en plus d’importance dans le foot moderne. Le MHSC a d’ailleurs été un des premiers clubs à prendre la mesure du phénomène puisqu’il a engagé deux analystes dès 2013. « Cet aspect est de plus en plus mis en avant; c’est pour ça qu’il y a désormais des modules vidéos dans les diplômes d’entraîneur, explique Olivier. A mon sens, c’est un très bon moyen de communication car c’est toujours plus parlant pour les joueurs de visualiser une situation pour ensuite la retranscrire sur le terrain. » « Ça se démocratise de plus en plus, ajoute Jonathan. Au début, on ne travaillait que pour l’entraîneur principal, aujourd’hui, cela s’étend aux différents membres du staff et à la formation… C’est passionnant.» Une passion débordante qui agit comme un véritable moteur : « J’estime être chanceux. Pouvoir y travailler, me développer humainement et professionnellement c’est extraordinaire.  », sourit Olivier  « Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir vivre de sa passion, c’est une chance énorme, renchérit Jonathan. Travailler pour le club n°1 de la région, il n’y a pas de mots pour décrire cela. Philippe Delaye, Pascal Baills, Bruno Carotti, Michel Der Zakarian, Teddy Richert sont des personnes qu’on regardait à la télé et aujourd’hui on discute foot avec eux, ça n’a pas de prix. »

Samedi soir face à Amiens, le travail de ces hommes de l’ombre portera peut-être ses fruits, mais ce sera toujours dans la plus grande discrétion. « Nous sommes une aide pour le staff mais savoir quelle est notre part dans la performance de l’équipe, c’est impossible à mesurer, conclut Jonathan. Nous sommes des passionnés et faisons tout ce que nous pouvons pour aider à la performance, mais le foot ne sera jamais une science exacte… » Si la vidéo et la technologie aide à aller plus vite, le football reste humain. C’est pour cela qu’il y aura toujours des yeux derrière l’écran…

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